realisation
biogaz
agrocarburants
en prime

projet_orginal
survol
objectifs_en_2005
impact_avantages



projet_orginal

Le projet « Amatuku : l’îlot pilote » fait partie du Plan décennal Small is Beautiful (SiB), dont l'objectif initial est d'aider Tuvalu à devenir un modèle de nation respectueuse de l'environnement. SiB a été lancé en 2005 après un film, "Nuages au Paradis", en 2003 et la consultation de la population et du Gouvernement en 2004. La première étape, l'étude sur les énergies renouvelables d'Alofa Tuvalu réalisée par Pierre Radanne et Sarah Hemstock en 2005-2006 a inscrit la formation parmi ses principales recommandations : offrir aux Tuvaluens un apprentissage pratique au travers d'un micro-modèle, un micro-exemple dont ils pourraient s'inspirer pour reproduire les technologies dans leurs communautés.

Au-delà de Tuvalu, les progrès réalisés sont communiqués aux media avec l’espoir que nos exemples d'actions locales puissent être reproduits et adaptés à d'autres régions du monde aux problématiques similaires.

Nous remercions l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie), le Fonds Pacifique / Ambassade de France à Fiji et la SOPAC de nous avoir permis d'initier ce projet et l'Ambassade Américaine à Fiji de nous avoir rejoint.

survol
objectifs_en_2005
impact_avantages

 


survol


Le Centre National de Formation et de Démonstation aux Energies Renouvelables de Tuvalu revient à créer un modèle environnemental où les Tuvaluens sont sensibilisés et formés à la mise en place, à l'usage et à la maintenance d'énergies renouvelables localement appropriées, dans le but de disséminer leur usage à travers l'archipel et de réduire la dépendance de la nation tuvaluenne aux énergies fossiles. Le centre souligne les bénéfices d'une combinaison d'énergies renouvelables dans l'atténuation des changements climatiques et des problèmes environnementaux afférents. C'est une première étape concrète et pratique en vue d'un programme étendu à la nation.

Pourquoi Amatuku et TMTI ?tmti

Amatuku est un îlot de 0,1 km2, à 8 km au nord-ouest du centre de Funafuti, l’île capitale de Tuvalu. Il est habité par une centaine de personnes attachées à l'Institut de Formation des Marins de Tuvalu (TMTI) : étudiants, enseignants et équipes et leurs familles. L'îlot est physiquement proche de Funafuti - l’île la plus peuplée, centre d’approvisionnement et pôle administratif et de communication le plus accessible - il suffit de 20 min de bateau pour y accéder.

engineeringLa vocation de site d'éducation de TMTI fournit une base solide au projet. La discipline, plus stricte qu’ailleurs à Tuvalu, augmente significativement les chances de succès du projet et de pérennité après le départ des équipes. Parmi ses autres atouts, l’îlot possède un bel atelier et du personnel technique. Le manque de formation des techniciens locaux à travers les îles a été l’un des obstacles majeurs au développement global de Tuvalu et au maintien en état de technologies qui ont depuis fait leurs preuves. Ceci a eu pour effet, au cours des expériences passées sur place et dans la région Pacifique, d’augmenter sensiblement les coûts. Le centre d’apprentissage d’Amatuku sera par définition Centre National de Maintenance et de Formation, suppléant les capacités de maintenance des autres îles.

Un projet pionnier
a) Aucun projet portant sur l’exploitation de la biomasse n’a encore été mené sur des îles coralliennes et la combinaison d’énergies renouvelables n’a jamais été testée à ce point dans un but d’indépendance énergétique.
b) Les femmes seront impliquées dans toutes les étapes de mise en place (construction, installation, formation) des technologies productrices de biogaz, son usage étant réservé à des utilisations domestiques. En prenant part aux activités d'Alofa Tuvalu à Tuvalu dès 2005, les femmes ont été sensibilisées au biogaz et se sont engagées à suivre les formations, assurer la maintenance et à utiliser la technologie.
Le projet fait de l'îlot d'Amatuku à Tuvalu, nation symbole la plus vulnérable aux changements climatiques, un exemple pour le grand public de promotion d'une combinaison d'énergies renouvelables dans la lutter contre l'effet de serre. Ce faisant, il espère contribuer à la survie de la nation
.

Voir la visite de repérage à Amatuku en 2005, sur youtube

 

objectifs_en_2005

cossesLa BIOMASSE

Toutes les options d’énergies renouvelables exploitables à Tuvalu, en réseau comme hors réseau, seront étudiées pour le projet d'îlot pilote. La biomasse fournit carburant, électricité et chaleur. Les sources énergétiques disponibles pour la biomasse correspondent à environ 16% de l’énergie primaire du monde, ce qui fait de la biomasse la quatrième ressource la plus disponible sur Terre. A Tuvalu, comme dans la plupart des pays développés, une grande proportion de la biomasse est inutilisée. Les programmes de bioénergie conviennent pour Tuvalu, car ils peuvent être utilisés à petite et grande échelle, de manière décentralisée et en bénéficiant aux zones rurales ou habitées. Les résidus forestiers (replantations et nettoyages), les activités agricoles (élevage de porcs) et les déchets organiques, tout comme les noix des cocotiers sont immédiatement utilisables et des sources d’énergie à coût relativement bas pour fournir la matière première initiale au développement national d'une industrie des énergies de la biomasse.

Les objectifs sur le biogaz
Le projet repose sur la mise en place de deux digesteurs de biogaz opérationnels, l'un fonctionnant au lisier de 35 porcs avec la construction d'une petite porcherie, et l'autre récupérant les déjections des étudiants de TMTI. Le processus de méthanisation ne va pas seulement produire du méthane mais aussi le meilleur compost, ce qui est important à Tuvalu où la qualité et la quantité des terres arables sont en déclin. En raison de son caractère innovant et des conditions spécifiques des îles atolls, le projet permet de relever un certain nombre de défis techniques, comme celui de tester les matériaux de stockage des déchets ou du gaz ou des systèmes d'entrainement des déchets dans les digesteurs.
Objectifs :
- fournir du gaz domestique aux maisons et cuisines du staff et des étudiants
- diminuer le volume de déchets et de rejets toxiques dans l’environnement tout en renforçant la qualité du sol et en augmentant le rendement des cultures
- former les ingénieurs, les étudiants, la population de Tuvalu et au-delà.

coconutLes objectifs sur le biodiesel

Plusieurs activités vont se produire simultanément :
- la mise en place d'une petite production d'huile de coco avec le stock disponible,
- la clarification des mélanges, de la température de solidification et du potentiel énergétique,
- une étude sur les capacités de production d'huile et les besoins en replantations pour du biodiesel.
- former les ingénieurs, les étudiants, la population de Tuvalu et au-delà.

Le biodiesel produit peut être utilisé comme carburant pour les transports ou la génération d'électricité. A Amatuku, l'objectif est de couvrir 20% du fuel pour le générateur électrique de l'îlot et les petits bateaux de TMTI, afin de réduire la dépendance au pétrole et au diesel conventionnel, tout en réduisant les émissions de CO2.

Le VENT :

Aujourd’hui, l’énergie éolienne est utilisée par un grand nombre de pays. Cette technologie est mature et présente une large gamme de puissance (de 10 kW à 5,000 kW pour les éoliennes offshore). Il y a en revanche très peu d’utilisation de l’éolien dans la zone pacifique. La première unité (20 kW) a été construite à la SOPAC à Suva par un spécialiste français de l’éolien en conditions tropicales, Vergnet. Le site fidjien a été choisi expressément pour la faiblesse de ses vents.

Nos objectifs concernant le vent pendant les 30 prochains mois sont :
- sélectionner un site à Amatuku et Fongafale pour installer des anémomètres. Un an de collecte de données permettra de dimensionner l'installation et d'évaluer la production électrique potentielle.
- analyser les données et sélectionner l'équipement adéquat.
- poser les fondations et installer une éolienne.

Une autre option réside dans la mise en place immédiate d’un type d’éolienne à palles horizontales qui peut fonctionner à partir de vents à 3 m/s. Nous sommes en contact avec CAP-ENR, une société française qui commercialise WindsideTM, une turbine développée en Finlande pour répondre à des usages professionnels réclamant durabilité, efficacité et minimum de maintenance. Cette éolienne qui fonctionne avec des vents très faibles comme très violents produit en un an environ 50% d’électricité en plus par rapport aux éoliennes habituelles. Elle est utilisée dans des conditions extrêmes du Groenland au Sahara depuis 26 ans.

- former les ingénieurs, les étudiants, la population de Tuvalu et au-delà.

Le SOLEIL :

En incluant l’investissement initial et une maintenance plus rigoureuse qui tienne compte de l’environnement salin, la viabilité du photovoltaïque à Tuvalu ne fait aucun doute. L’énergie solaire sera destinée à la distribution d’électricité, la désalinisation d’eau de mer et pour la production d’eau chaude sanitaire via la rénovation des systèmes photovoltaïques existants et l’installation de nouveaux modules hors et en réseau. Notre intention est de faire appel à des technologies existantes qui ont fait leurs preuves et bénéficient en conséquence d'un abaissement des coûts. L'idée n'est pas de faire de Tuvalu un terrain laboratoire.

impact_avantages

Sociaux
Le projet "Amatuku Micro-modèle" répond à la demande du Gouvernement Tuvaluen au Ministère des Affaires Etrangères français sur les énergies renouvelables. Il optimise la participation de Tuvalu dans le Pacific Islands Green house Gas Abatement Through Renewable energy Project (PIGGAREP) dont le but est une réduction cumulée des émissions de CO2 d’au moins deux millions de tonnes d’ici 2015 pour dix Etats insulaires du Pacifique (PICs) dont Tuvalu. Notre participation à ce programme permet de diminuer les émissions tuvaluennes et par reproduction celles des autres îles et territoires du Pacifique, tout en participant à un mouvement global de maîtrise des rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Notre projet sécurise l'approvisionnement en carburant et réduit la dépendance de Tuvalu au pétrole importé et réduit la fuite de capitaux vers l'étranger. L’usage de bioénergie sur les îles lointaines pour la génération d'électricité permet d’encourager les industries locales, d'augmenter à la fois les revenus et la main d'oeuvre, d'améliorer la qualité de vie et ce faisant de réduire les migrations vers l’île capitale, Funafuti.

Les Tuvaluens vont apprendre à produire, maintenir et mettre en place localement des énergies renouvelables appropriées. Par ailleurs, le rôle des femmes, central dans l'usage de l'énergie, a été largement ignoré. Elles doivent naturellement être associées au développement des politiques énergétiques et aux mises en place. Le projet va augmenter la sensibilisation des populations des îles lointaines vis-à-vis de ces nouvelles méthodes de production d'énergie et des autres thèmes environnementaux inclus dans le projet, dont les déchets.

sarah_communityA Amatuku, 200 étudiants du TMTI et 100 femmes seront ainsi formés pendant deux ans au fonctionnement et à la maintenance des installations de biogaz et de biodiesel. 300 Tuvaluens (hommes et femmes) seront formés au fonctionnement et à la maintenance d'un digesteur. 50 personnes seront impliquées dans la construction et la formation.

En temps que test de faisabilité pour le programme SIB étendu à la nation, Amatuku deviendra de fait un centre de formation pour le reste de Tuvalu.

La communication sur le projet devrait générer la réalisation en chaîne de programmes dans le Pacifique et ailleurs dans des régions aux problématiques écologiques similaires et où le travail réalisé à Tuvalu sera utilisé tel quel ou partiellement adapté.

fuel_cargoSur l'économie et l'environnement
En créant le premier Centre National de Maintenance et de Formation aux énergies et technologies renouvelables de la région, notre projet renforce la compétitivité de Tuvalu dans la zone Pacifique. Il met à disposition des habitants des autres îles de Tuvalu et des autres nations du Pacifique un Centre d’apprentissage environnemental. Il assure une assistance technique aux autres îles et par la suite aux sites de réplicabilité du modèle.

Au niveau national, Tuvalu pourra s’engager sur la voie de l’indépendance alimentaire, énergétique et technique tout en améliorant le niveau sanitaire/hygiène général de sa population et de son environnement. L'utilisation d'énergies renouvelables va induire une amélioration de l'efficacité énergétique et réduire le poids des importations de pétrole pour la production d'électricité, en même temps qu'il :
- réduit la pollution et les émissions de gaz à effet de serre
- renforce la position du pays dans les négociations internationales
- protège l'approvisionnement énergétique du pays des fluctuations du marché international
erosion- L’utilisation du biogaz à partir de déchets humains et porcins permet de réduire les déchets, la pollution et les contaminations des déchets organiques tout en prévenant la pollution du sol, des eaux de surface et souterraines. Les boues issues des digesteurs constituent un excellent compost qui peut améliorer la qualité du sol et sa fertilité et remplacer la terre contaminée par le sel dans certaines zones.
- La réintroduction d’une production de copra pour le biodiesel participe à la préservation de la biodiversité par le remplacement de vieux arbres et la reforestation de zones dégradées.
- Le projet est générateur de revenus pour les ménages et créateur d’emplois : vente de compost, de biogaz, des légumes cultivés grâce au compost, du lisier de porc, du biodiesel, du charbon de noix de coco.

Un modèle reproductible
tmtiConçu dans la durée, le projet Amatuku est soutenu par la population et réalisé avec elle.
- La sédentarité des résidents d’Amatuku permet d’assurer un véritable suivi dans la formation.
- L’installation des premiers appareils permet de former dès le départ un grand nombre d’habitants à l’usage et à la maintenance des équipements, ceci facilitera l’extension du programme à la nation tuvaluenne.
- Les coûts de maintenance pour deux biodigesteurs et une unité de production de biodiesel sont faibles. Le coût d’une partie du travail est inclus dans le budget de fonctionnement de l’école, puisque les équipes et les étudiants intègreront l’installation et l’apprentissage des appareils à leur programme de formation.
- Le suivi de la réalisation de ce micro-modèle sera assuré sur place et sur le long terme par les scientifiques et chargés de mission d’Alofa Tuvalu, par les prestataires retenus et les coordinateurs locaux, en étroite collaboration avec les organisations régionales locales.
Nous nourrissons l’espoir à travers l’exemple de Tuvalu, d’augmenter à grande échelle la conscience des impacts individuels sur les changements climatiques et inciter chacun à agir. Nous sommes tous Tuvaluens.


realisation

Depuis 2005, nous avons rencontré et résolus bon nombre de problèmes imprévisibles, nous avons surfé sur les rythmes locaux et régionaux et fait avec des transports aléatoires dans la région et l'instabilité politique… Nous avons travaillé avec 4 gouvernements successifs et 6 capitaines… Nous avons beaucoup appris et aurions certainement pu faire mieux.

Pour autant, la population de Tuvalu et au-delà a été sensibilisée et les participants formés à des technologies simples de valorisation de la biomasse. Des reproductions ont été initiées et en 2009, le Ministre de l'Energie a formé le voeu d'une nation tuvaluenne indépendante au pétrole d'ici 2020. Les reproductions et l'indépendance énergétique étant les objectifs principaux de notre projet, nous avons le sentiment et la satisfaction d'avoir accompli notre mission.



biogaz

mise_en_place
suivi
reproductions





agrocarburants

biofuel_intro
biofuel_intro
biofuel_suivi


en prime

 

Le projet de micro-modèle a démarré en 2005 avec des réunions de sensibilisation des communautés et des discussions avec les partenaires locaux, le Gouvernement et le capitaine de TMTI, les enseignants et des étudiants. En 2006, le Centre de formation et de Démonstration aux Energies Renouvelables a été présenté au Conseil des Ministres et a obtenu la validation des Ministres concernés. Le Gouverneur Général, dans son discours d'ouverture au Parlement a exprimé la volonté du Gouvernement de voir le projet se concrétisé, ainsi que sa détermination et son engagement dans le développement des énergies renouvelables. En octobre la même année, un Memorendum of Understanding (MoU) est signé avec TMTI. Parallèlement, les dernières visites techniques de repérage et l'élaboration des plans étaient réalisées.



mise_en_place

camartec
Pour ce premier digesteur jamais réalisé sur un atoll coralien, Sikeli Raisuqe, le spécialiste du biogaz d'Alofa Tuvalu, a choisi de reproduire le Dôme de Camartec, construit de briques et sous-terre. Un défi ! Une porcherie attenante capable d'accueillir 40 à 50 cochons a également été mise en place.


Des problèmes techniques et d'acheminement de la tonne d'équipement (ciment, briques, bois, etc.) commandée à Fidji, ont du être résolus. Le coup d'Etat à Fidji en 2006 a fait partie des éléments perturbateurs.

Grâce à l'assistance de nombreuses agences, directions et individus, la mise en place du digesteur de lisier et de la porcherie démarre officiellement au printemps 2007, avec l’ADEME, SOPAC et le Gouvernement de Tuvalu comme principaux partenaires. Parmi les autres soutiens l’Union Française des Ingénieurs, l'Ambassade de France et l'Ambassade américaine à Fiji.

Une centaine de personnes est venue assister à la cérémonie d’ouverture, du jamais vu à Tuvalu surtout un vendredi après-midi où les bureaux se vident de bonne heure.

Nos communications sur le projet dès 2006, ont attiré l'attention du PIGGAREP, un programme dont l'objectif était la réduction des émissions de gaz à effet de serre par le développement des énergies renouvelables dans 10 Etats du Pacifique dont Tuvalu. Alofa Tuvalu a fourni des lettres d'engagement de ses financeurs pour permettre au PIGGAREP de sortir de terre. Nous avons avancé les fonds qui devaient nous être alloués et après des années de bras de fer avec le manager du programme, à son départ en 2010, le SPREP reconnaissant notre bon droit a, pour éviter d'avoir à se replonger dans un dossier volumineux, offert de verser une indemnité... de 10% de la subvention initiale. Un montant largement insuffisant pour couvrir les avances mais une morale sauve, tandis que nous avons réalisé ce à quoi nous nous étions engagés ou pratiquement.


La pose de la première pierre inaugure le premier cycle de formations au biogaz. Le digesteur de 8m3 et la porcherie modèle ont été construits en mai et juin. Pendant huit semaines, 4 instructeurs (2 ingénieurs et 1 enseignant de TMTI, 1 représentant de la division de l'Energie des îles Salomon) ont été intégralement formés à la construction, à l'usage et à la maintenance d’un biodigesteur.


Les 4 ateliers organisés sur le site ont réuni 198 volontaires dont 60% de femmes et 10% d'apprentis marins sélectionnés. Fin juin, les premiers porcs étaient introduits dans la porcherie permettant d'initier la production de méthane. Le lisier doit fermenter dans la cuve pendant 8 semaines avant de produire une quantité suffisante de gaz.

Les résidents de l'îlot ont choisi d'utiliser ce gaz pour la cuisine communale et de se servir du compost (résidu essentiel à Tuvalu où la qualité de la terre, déjà peu abondante, décline en raison des infiltrations d’eau salée) pour enrichir les cultures de légumes des étudiants et de l’équipe de TMTI.

50 personnes, dont des étudiants, ont été impliquées dans la construction et la formation. Ils ont aussi été formés à la production horticole, encouragés à promouvoir les activités dans leurs îles respectives.

Le programme de formation s’est poursuivi avec la nomination d’un représentant responsable du site au quotidien. La visite du centre est devenue une excursion pour les institutions et personnalités. Dans son rapport de mission pour la Sopac (PIEPSAP) en 2007, Anare Matakiviti insiste sur l’intérêt généré massivement par le projet au sein de la population, gage selon lui de réussite de la promotion des énergies renouvelables sur l’archipel.

Leçons à tirer
Pluie, montée des eaux, isolement géographique, indisponibilité sur place de la plupart des matériaux et dont le délai de livraison depuis Fidji est fonction de la disponibilité des cargos Tuvaluens régulièrement en panne ou réparation, coût du fret, absence d'outillage adéquat pour les travaux de terrassement, coût des voyages et nécessité d’optimiser la planification des séjours des spécialistes sur place, télécommunications intermittentes..., les difficultés relatives à la mise en place d'un projet tel que ce centre de formation à Tuvalu réclament de faire preuve de philosophie et d'une capacité d'adaptation certaine.

Il s’agit du premier digesteur sur un atoll coralien.. soumis qui plus est à la montée des eaux. Les infiltrations d'eau salée des marées hautes ont retardé la construction. Les horaires des ouvriers étaient ajustées en fonction des conditions météo, ce qui s’est traduit à plusieurs reprises par des journées continues de 6 à 18h. Dès que possible, le fond de la cuve a été scellé permettant à la structure de rester au sec malgré des marées à 3m18. Dans son rapport, Sikeli ajoute que construire pendant les King tides a également permis aux équipes de se familiariser avec de futures conditions climatiques difficiles. Il a fallu aussi remblayer de sable le vide autour du digesteur pour empêcher les racines des arbres alentours de venir se loger trop près des briques.

La pluie abondante et quasi quotidienne a sensiblement freiné l'avancement des travaux. Si les réservoirs de la porcherie doivent être en partie remplis d'eau pour accueillir les cochons, la pluie n'est pas souhaitable pendant la construction. La construction de la porcherie a pris un mois, 6 demi journées/semaine pour une dizaine de personnes en raison des intempéries principalement mais aussi de l’immobilisme du chantier de rénovation de l'école. Le gaz produit par le digesteur devait être acheminé par une canalisation raccordée à des maisons dont la construction n’était pas achevée, d'où le changement de destination du gaz vers la cuisine communale décidé par les résidents.

A Tuvalu se procurer un tuyau de gaz peut devenir surréaliste.. si on trouve des joints, des T et des tuyaux en PVC... il aura fallu une soixantaine d’heures et l'assistance d'un membre à Fiji pour trouver et acheminer un tuyau galva effilé aux normes. D’après Sikeli, si tout le matériel avait été disponible sur l’île, la construction du digesteur n’aurait pas pris plus de 4 semaines, il en aura finalement fallu cinq et quelques jours de plus avec la pose du capuchon.

La mission 2007 s'est achevée sur un black out total des communication à Tuvalu après un violent orage où la foudre a neutralisé la tour des télécom plusieurs mois. A part quelques connexions dans l'immeuble du gouvernement, Tuvalu était coupé du monde, sans internet, ni téléphone.. C'est ça aussi Tuvalu.



suivi

sikeliDébut 2008, Sikeli Raisuqe est allé vérifier l'unité : la production de gaz était faible. Deux raisons à cela : pas assez d'eau dans le digesteur et un nombre insuffisant de cochons dans la porcherie du fait, selon le capitaine de l'école, de conflits entre les résidents sur le partage des enclos.

Les engagements nécessaires sont pris par l'école, mais début 2009 de nouveaux problèmes surviennent. A l'arrivée de Sikeli, le digesteur est inondé et, plus embêtant, le tuyau de récupération du gaz a été malintentionnellement scié par l'officier payé pour l'entretien par l'association . Le responsable est remplacé. Et sur les conseils de son spécialiste, Alofa Tuvalu achète une pompe pour dégager les 3000 litres d'eau gorgeant le digesteur. Le nouveau responsable engagé, Lee Faiva Moresi écrit : "Après avoir pompé l'eau du digesteur, nous avons approché un briquet de la sortie du tuyau de gaz (remplacé) et noté la formation d'une flamme témoignant de l'émission de méthane. La flamme s'est éteint rapidement, mais c'est toutefois encourageant." En octobre, une dernière visite d'inspection de l'unité est effectuée : elle fonctionne parfaitement.

Lee Faiva a pris en charge l'entretien quotidien du digesteur et partagé ses connaissances avec les visiteurs, Tuvaluens ou étrangers... jusqu'en 2010 lorsque ce que nous avons appelé une "mutinerie douce" a été montée contre le capitaine de TMTI.
lee
lee2

Les rivalités entre les communautés sont humaines. TMTI et Amatuku n'échappent pas à la règle. Au fil des années, la situation s'est dégradée .

Après le départ en 2006 d'un capitaine australien et 3 directions temporaires pour des missions de 3 à 12 mois, un capitaine Tuvaluen a été nommé. Une nomination qui n'a pas fait l'unanimité. Après 2 ans en poste, lui et son second ont été "invités" à quitter les lieux.

La plupart des activités a été suspendue pendant des mois.., jusqu'à la nomination d'un autre capitaine. En 2012, le nouveau responsable, très actif et fédérateur, enthousiaste sur les technologies de la biomasse, a suggéré que l'école achète ses propres cochons pour les étudiants. Avec le nouvel ingénieur en chef, qui avait suivi l'intégralité des formations au biogaz et aux agrocarburants, ils ont montré une détermination à remettre l'unité en état de marche.

NOTE: La seconde unité de production de biogaz prévue à Amatuku, un digesteur de 6m3 fonctionnant avec les déjections des étudiants de TMTI n'a pas été mise en place. Lors des discussions avec les équipes locales et les usagers, nous avions soulevé deux conditions préalables : 1) le premier digesteur devait fonctionner parfaitement ET les usagers devaient en prendre soin... 2) La construction de ce second digesteur devait, principalement pour des questions de plomberie, coïncider avec le calendrier de rénovation d'Amatuku. La rénovation de l'école, après avoir pris beaucoup de retard, a été terminée avant que le premier digesteur ne fonctionne correctement sur la durée. Nous avons investi notre énergie ailleurs et réalisé bien d'autres choses à la place.




reproductions

Les années de démonstration, de formation et les campagnes de communication sur le biogaz ont conduit presque immédiatement à des demandes de reproduction ailleurs dans le monde, Madagascar, Sénégal, l'île de Pâques... et Tuvalu.

nanumea_digesterA Tuvalu, la première reproduction de biogaz a été initiée en 2009 par Semese Alefaio et Taukiei Kitara, membres d'Alofa Tuvalu et à l'époque officiers pour TANGO. Avec les livrets d'Alofa Tuvalu et les vidéos réalisées sur les formations à Amatuku, ils sont allés promouvoir le biogaz sur les îles lointaines. Toutes les îles ont exprimé leur intérêt pour la technologie. Semese et Taukiei ont demandé à Alofa Tuvalu de choisir une île, TANGO allait co-financer le projet avec un petit fonds (Small Grants) du Fonds mondial pour l'Environnement (GEF). Après des consultations dans les îles par Sarah Hemstock, la spécialiste de la biomasse pour Alofa Tuvalu, c'est Nanumea, l'île la plus au nord de l'île capitale qui a été choisie. Pour des raisons de facilité de transport et de coût, nous avons souhaité que les digesteurs soient fabriqués en plastique. A partir d'une documentation nourrie rassemblée par l'association, Sikeli Raisuqe a imaginé, réalisé et testé à Fidji un prototype de digesteur plastique. Le projet de reproduction de Nanumea s'est achevé en 2012 avec l'installation de 4 digesteurs en plastique, adjoints de récupérateurs d'eau de pluie supplémentaires, de porcheries et petits jardins potagers.

Fin 2012, Teuela Manuela, la coordinatrice du projet de biogaz à Nanumea pour Alofa Tuvalu, a demandé la réalisation d'une synthèse sur les mises en place de biogaz depuis 2005 pour le Ministère des Affaires Sociales. Ce document réalisé par Gilliane Le Gallic a servi d'argumentaire à la demande de financement de l'installation de 7 digesteurs plastiques à Nanumanga auprès de l'Union Européenne et de l'Université du Pacifique Sud. Le fond est géré par Sarah Hemstock pour le compte de l'USP. Les mises en place ont démarré à la mi-2013 avec l'équipe formée par Alofa Tuvalu (Teuela, Kaio) et le spécialiste fidjien Sikeli Raisuqe.

 



agrocarburants

Depuis 2006, des accords ont été pris avec TMTI (Tuvalu Maritime Training Institute) et la compagnie productrice du copra TCTC (Tuvalu Copra Trading Corporation), une initiative du Gouvernement de Tuvalu. Parallèlement, des réunions ont été organisées avec les communautés et les groupes d'intérêt (les femmes, les producteurs, les autres associations, les églises, les Directions concernées au sein du Gouvernement - y inclus la Compagnie Electrique de Tuvalu (TEC)), soit un total de plus de 800 personnes qui ont exprimé le soutien de la communauté et son engagement dans ce projet.

Après des discussions avec tous les partenaires, et en accord avec les autres projets de mise en place d'énergies renouvelables dans l'archipel, les programmes de démonstration et de formation à la biomasse d'Alofa Tuvalu ont évolué et convergé dans le projet "Tree of Life" (L'arbre de vie), ajoutant à la démonstration et à la production de biodiesel originellement envisagées, deux autres énergies issues du cocotier : le bioéthanol et la gazéification des cosses et bourres de noix.

biofuel_intro

La première étape de "Tree of Life" a été réalisée en 2008, dans un contexte international tendu sur les agrocarburants. Gilles Vaitilingom (CIRAD/Alofa Tuvalu) a réalisé des démonstrations publiques de production de biodiesel et bioéthanol et un atelier sur la production de gaz à partir d'un gazogène prototype construit avec les ingénieurs de TMTI à partir de matérieux disponibles localement.

Biodiesel / Ethanol de Todi

La première réunion publique s'est tenue à Funafuti. A l'aide de tests de production in situ devant 200 personnes, les avantages d'une production locale d'agrocarburants pour un usage local ont été exposés. L’idée était de montrer de manière un peu magistrale et spectaculaire que le cocotier, « arbre de vie » pour les Tuvaluens pouvait aussi fournir de l’essence pour les véhicules terrestres, du diesel pour les bateaux, du gaz pour les générateurs à fuel et la cuisine. L’idée était aussi bien sûr d’éprouver la pertinence des process élaborés par le spécialiste et ses étudiants en laboratoire.

Il y avait très peu de projets de carburants à partir d'huile de coco dans la région Pacifique. La majorité de ces projets de substitution du diesel utilisait l'huile de coco pure et réclamait la modification des moteurs. Pour éviter des coûts prohibitifs, Alofa Tuvalu a souhaité produire un biodiesel de bonne qualité, plus efficace que l'huile brute et qui puisse s’utiliser en mélange ou à 100% dans les générateurs (moteurs à injection directe) et certains véhicules terrestres sans adaptation préalable des moteurs.

"Le Biodiesel obtenu lors des démonstrations est composé de 80 % d'ester et 20 % de parties non estérifiées tel du méthanol résiduel et de l'huile de coco n'ayant pas réagi. Il est utilisable dans les moteurs diesels (non modifiés) à hauteur de 10 % dans le gasoil. Une installation moins rudimentaire avec chauffage de l'huile et agitation du mélange pendant la réaction peut permettre d'atteindre 90 % d'ester et 10 % de non réagi. Ce produit peut être utilisé en mélange avec du gasoil (80 % gasoil + 20 % ester) en restant proche des standards internationaux sur les carburants diesels. Une utilisation « astucieuse » peut permettre de substituer les 3/4 du gasoil par cet ester en utilisant une bicarburation. Ceci est en pratique applicable à toute taille de moteur diesel mais s'envisagerait plus pour l'alimentation des bateaux de transport inter îles" (Rapport de Gilles Vaitilingom, avril/mai 2008)

Productions en public de biodiesel de
noix de coco et d'éthanol de todi, 2008

youtube


Pour l'éthanol, l'objectif était de démontrer qu'il était possible de produire de l'essence à partir de l'alcool local: le todi issu de la sève de jeunes pouces de cocotier. Ce vin de cocotier contient 6 à 10% d'alcool. La production quotidienne d'un arbre peut atteindre 27 litres.

Le processus de production repose sur la distillation. En chauffant le liquide jusqu'à la température d'ébullition de l'éthanol, l'alcool se transforme en vapeur qui, une fois condensée, est récupérée. L'appareil complet s'appelle un alambic. Tous les accessoires nécessaires pour construire le distillateur ont été achetés dans les magasins de Funafuti: une bouilloire de 3 litres, une marmite de cuisson en aluminium, un tuyau de plastique. Seul le tube de cuivre de 5 mètres a dû être acheté à Fidji.

3 litres de todi ont été distillés pour obtenir 350 ml d'alcool contenant 75% d'éthanol. Compte-tenu du reflux dans la colonne de l'alambic, il serait possible d'extraire 1/4 de litre d'alcool à 90 ou 95% du volume avec les mêmes 3 litres de todi : un production potentiel de 2,25 litres d'essence par jour et par cocotier, suffisante pour 2 scooters.

En dépit de la faible concentration en alcool, le public a vu démarrer un scooter avec l'essence produite pendant la démonstration.

A Tuvalu, 1/3 de l'essence sert aux bateaux de pêche et les 2/3 aux quelques voitures et aux nombreux scooters et motos de Funafuti. L'utilisation d'essence de todi est envisageable pour les bateaux de pêche en mélange avec l'essence "traditionnelle" à condition d'assurer la stabilité du mélange. Ceci étant, la démonstration a été faite à Tuvalu pour l’exemple, mais les nuances du processus de production sont restées suffisamment abstraites pour éviter un détournement d’usage.

L'affluence inespérée à ces démonstrations publiques, le nombre et la pertinence des questions et les demandes de reproduction des participants ont apporté la preuve de l'intérêt de la population pour le développement de telles technologies. En parallèle, les tests concluants conduits dans les laboratoires du CIRAD à Montpellier sur une unité de production de biodiesel nous ont permis de d'envisager la suite, des mises en place innovantes et durables.

Gazéification

Une semaine plus tard un second atelier public se déroulait à Amatuku.

L'objectif global était de faire la démonstration et de former les Tuvaluens à des technologies jamais mises en place à Tuvalu, et non pas de reproduire des choses faites par d'autres. Tandis que nous travaillions sur les technologies de la biomasse, d'autres projets étaient développés par la compagnie électrique : une compagnie danoise a installé un anémomètre pour mesurer les vents, une société japonaise à posé des panneaux solaires sur le toit du stade et un projet d'énergie solaire à Vaitupu était développé dans le cadre du PIGGAREP/GEF... Il n'y avait donc pas besoin de démonstration supplémentaire en matière d'éolien ou de solaire. Nous avons décidé de poursuivre sur la biomasse...

L'audit sur les déchets réalisé par Alofa Tuvalu en 2005/2006 a conclu que 80% des déchets mis en décharge étaient organiques, valorisables sous forme de compost ou de gaz. Ainsi, en plus de la production d'essence de todi qui n'était pas au programme du projet original, nous avons décidé de sensibiliser la population à une autre technologie de la biomasse : la gazéification des cosses et bourres de coco, première expérience du genre dans le Pacifique.

En 2008, plus de 50 personnes ont été formées à ce procédé de production de gaz pour la cuisine ou d'électricité (1,5 kg de déchets produit 1 kw). Le gazogène utilisé pour ce premier train de formation avait été dimentionné et conçu pour de la biomasse non carbonisée et construit par 6 ingénieurs et enseignants de TMTI à partir de matériaux disponibles à Amatuku. 12 étudiants ont été formés et 40 personnes ont assisté aux ateliers.

"Pour réaliser un petit gazogène de démonstration avec les seuls moyens disponibles à Tuvalu, nous avons opté pour la fabrication d'un foyer en béton. L'enveloppe externe étant assurée par un classique fût d'occasion. Avec du béton réfractaire, ce qui n'était pas le cas pour la démonstration, on peut espérer une longévité d'une année avant de recouler un nouveau foyer. Si l'on désire utiliser les gaz produits comme combustible pour alimenter un moteur il faut adjoindre une unité de filtration des gaz afin de les refroidir et d'éliminer les cendres et poussières de coques entraînées." (Rapport de Gilles Vaitilingom, avril/mai 2008)

Grâce à cette unité gazogène + filtres, il leur est possible d'effectuer des tests en alimentant en gaz l'un des groupes électrogène sur un mode dual-fuel. Le dimensionnement permet de substituer jusqu'à 75 % du gasoil utilisé en fonctionnement normal.

Afin de faire du site d'Amatuku une vitrine de l'usage de la gazéification de biomasse sèche (coques et bourre de coco mais aussi palme de cocotier, etc.) pour les autres îles et leurs groupes électrogènes, il est raisonnable d'adopter un modèle éprouvé de générateur de gaz. Ce dernier pourrait être importé de France alors que la filtration serait réalisée à Amatuku. Par la suite, une projection possible serait de faire fabriquer le générateur à Fidji où toutes les compétences de chaudronnerie existent.

gazogene

 

biofuel_intro


En 2009, "Tree of Life" entre dans l'étape de concrétisation : l’importation de l’unité de production de biodiesel (Fuelpod) paramétrée au CIRAD (Unité de recherche biomasse-énergie) pour l'huile de noix de coco et d'un kit gazogène (Gek), les plus petites unités disponibles sur le marché pour répondre aux paramètres de consommation du centre de formation. Combinées, elles sont capables de fournir la totalité de l’électricité de chacune des îles lointaines (équivalente à 140 l de diesel/jour), à l'exception de Vaitupu.

- L'objectif était de créer un biodiesel utilisable à 100% dans les générateurs sans modification des moteurs. Les équipements arrivent à Tuvalu après 3 mois passés en mer. L’unité de biodiesel est capable de produire 2x60 litres par jour, à raison de 60 litres toutes les 8 heures. On obtient 95% d'ester. La combiner au gazogène réduit de 50 à 70% la quantité de diesel nécessaire. 

Tuvalu est si isolé que transporter les équipements sélectionnés depuis le Royaume-Uni et la Californie, ainsi que les produits nécessaires aux process de transformation (le méthanol acheté à Fidji, huile de noix de coco commandée aux îles lointaines etc.) ont mobilisé les efforts cumulés de nombreux acteurs en France, aux Pays-Bas, aux Etats-Unis, Nouvelle-Zélande, Fiji et sur les îles lointaines de Tuvalu. Entre les dépenses imprévues et des délais qui débordent largement le calendrier initial - avec entre autres la retenue au port de 3 cargos différents - , des coûts de frêt supplémentaire depuis les Etats-Unis et des complications administratives diverses..., Gilles Vaitilingom a pu, au bout de 3 mois, vérifier, tester et même présenter les équipements aux curieux Tuvaluens avant leur acheminement sur Amatuku - TMTI (l'Institut de formation des Marins de Tuvalu).

Avec l'objectif ultime de mettre TMTI et la nation de Tuvalu sur le chemin de la sécurité énergétique par l'usage de sa biomasse et de ses déchets organiques, la mission de Gilles fut la suivante :
- Installer les deux unités pilotes : l'une capable de produire de l'ester methylique d'huile de coco, l'autre, le gazogène, pour fournir du gaz de coques et bourres de noix de coco.
- Former les ingénieurs et enseignants de TMTI
- Introduire plus avant les technologies auprès de la population de Tuvalu.

Les 2 unités ont été sélectionnées en fonction des paramètres suivants :
- Ce sont des équipements commercialisés, de qualité et fiables.
- Ce sont de bons outils pédagogiques au fonctionnement simple et clair.

La première mise en production a servi de formation aux ingénieurs de TMTI.

Pendant 3 semaines, Gilles a formé une dizaine d’ingénieurs et professeurs de TMTI aux deux technologies.

110 litres d'huile de noix de coco sont estérifiés en 4 lots (3x30 litres et 1x20 litres). Chaque lot présente une acidité inférieure à 1%. Ceci s'explique par la très bonne qualité de l'huile préparée à partir de fruits frais.

Le gazogène en kit choisi pour Amatuku a dû être assemblé. Une pièce maîtresse, le ventilateur, avait été oubliée par le fournisseur. Il faudra plusieurs jours aux ingénieurs pour en confectionner un localement. Activé par une batterie de voiture de 12 volts, il a servi à pomper l'air à travers le brûleur, permettant la production du gaz.

En dépit des contre-temps, après 3 semaines de formation, l'équipe a fait la démonstration publique du fonctionnement des unités et de l'utilisation du biodiesel produit.

Le Premier atelier public a été un joli succès alimenté par le landernau pendant plusieurs jours. 200 personnes ont participé dont deux Ministres, de nombreux officiers du Gouvernement, des représentants de toutes les communautés et des églises. Ceux qui n'avaient pas pu faire le voyage ont eu droit à une retransmission presqu'en direct sur Radio Tuvalu.

Productions de biodiesel et gaz, 2009
youtube

Dès le lancement de la démonstration du processus de fabrication du biodiesel, des Ministres aux femmes au foyer, tout le monde était ébahi. Pour le gazogène, les inquiétudes de l'équipe sur la bonne tenue du ventilateur maison se sont avérées justifiées, mais la démonstration a pu aller à son terme : le gaz est sorti en moins de deux minutes.

Succès également avec le générateur rempli à 100% de biodiesel. Sans un hoquet, ni une hésitation, il a soulevé deux grues de formation qui n'avaient pas servi depuis 10 ans.

Le second atelier public a eu lieu le 5 juin pour la Journée de l'Environnement

Le succès du premier atelier a encouragé l'équipe à participer aux activités de la Journée de l'Environnement en proposant un second atelier sur le biodiesel et la gazéification et en relevant un énorme défi puisqu'il s'agissait de le réaliser sans Gilles, sans 2 des ingénieurs formés et avec un ventilateur dont il était à prévoir qu'il rendrait l'âme.

Il y avait tant d'inscrits dans les 4 bateaux prévus pour Amatuku que nous avons dû "éconduire" un ancien Premier Ministre, présent à la première démonstration... La démonstration de biodiesel a été présentée par le cuisinier de l'école qui avait une formation de chimiste. Un ingénieur et un enseignant se sont chargés du gazogène. La démonstration fut moins limpide que la fois précédente, le gaz a mis 10 minutes à sortir, à cause de l'humidité des coques, mais le capitaine s'est étonné que les deux technologies aient fonctionné avec si "peu" de formation. Nous avons salué la qualité de la formation dispensée par Gilles pour que les ingénieurs tout juste formés soient déjà capables de faire et transmettre.



biofuel_suivi

La décision du capitaine de TMTI d'envoyer la plupart du personnel formé pour plusieurs mois en mer met un coup d'arrêt provisoire aux activités que l'école aurait pu poursuivre avec l'huile de noix de coco dont nous offrions d'assurer l'approvisionnement pendant un an.

tmtiGilles Vaitilingom avait planifié un voyage en 2010 avec des éléments de mise à jour et de rechange pour assurer un usage pérenne des unités. Les perturbations dans les liaisons aériennes internationales dûes à l'éruption du volcan islandais et la "mutinerie" à l'école maritime l'ont empêché d'y retourner. Fin 2011, un second gazogène et des pièces de rechange pour le biodiesel ont été délivrées directement à TMTI par Gilliane Le Gallic, la Présidente d'Alofa Tuvalu et Fanny Héros, chargée de mission. Plusieurs réunions ont été organisées avec le nouveau capitaine et le chef ingénieur, tous deux se sont engagés à remettre en état les unités et à les utiliser.

Comme pour le biogaz, les quelques années de développement et de communication sur le projet ont donné lieu à des demandes de reproduction des activités biodiesel, bioéthanol et gazéification, notamment des Tuamotu, Wallis et Tonga. La production de biodiesel d'huile de coco est d'un intérêt majeur pour la région Pacifique.

A Tuvalu, en 2012, le Département de l'énergie a demandé à utiliser les équipements pour un tour (Roadshow) de formation dans les îles lointaines. Nous les avons mis en contact avec le capitaine et les ingénieurs formés pour qu'ils puissent s'organiser. Le projet est maintenant entre les mains de la spécialiste de la biomasse d'Alofa Tuvalu, Sarah Hemstock, aujourd'hui chef de projet pour l'Université du Pacifique Sud dans la gestion du programme européen, Global Climate Change Alliance Project.

La production des technologies de "Tree of life" doit être faite de manière durable, sans entraîner de compétition avec les besoins alimentaires. Alofa Tuvalu avait chargé Sarah Hemstock d'une étude de viabilité d'une production de biodiesel et de bioéthanol à Tuvalu en tenat compte de tous les paramètres. L'étude a été restituée au Secrétaire permanent et aux directeurs des directions concernées en 2010. La réintroduction d'une petite industrie locale du copra aurait des effets bénéfiques multiples à Tuvalu où la production pourrait atteindre 700 000 litres par an et graduellement remplacer 50% du diesel utilisé par les deux bateaux inter-îles, tout en fournissant un revenu à quelques 700 producteurs et leurs familles. Développer l'estérification éthylique, avec l'alcool de todi plutôt qu'importer 10 à 20% de méthanol pour la fabrication du biodiesel, pourrait aussi être réalisé en partenariat avec le laboratoire de l'Université du Pacifique Sud.

 

en prime

electric_skeuterParallèlement aux démonstrations, mises en place et formations aux technologies de la biomasse, Alofa Tuvalu mène depuis 2005 de nombreuses autres activités (Festival des Grandes Marées, l'adaptation pour Tuvalu du chapiteau "A l'eau, la Terre" / "Ka lofia te paneta" que l'association propose ailleurs dans le monde...) et de nombreux débats et projections sur les changements climatiques et l'énergie. Les autres activités incluent la distribution de graines biologiques, la démonstration de scooters électriques et de fours solaires, la traduction en Tuvaluen de la bande dessinée "A l'eau, la Terre". Pendant deux ans, l'association a produit des séries de programmes courts diffusés quotidiennement pendant 3 mois "100 choses que vous pouvez faire pour aider Tuvalu et vous-même". Les thèmes étaient axés sur la maîtrise de l'énergie et les déchets. La seule activité de l'association à n'être pas liée à l'énergie est Tuvalu Marine Life, une étude et une publication sur la vie marine de Tuvalu, une autre action de longue haleine.., 7 ans.