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L’arrivée à Suva, après deux heures et demi d’avion seulement est le début d’un autre monde. Définitivement plus bruyant, plus speed, plus enfumé - même si Fiji a réduit notablement la part de soufre dans son essence -, plus tartiné de pubs – même si à Tuvalu ça commence -, plus fourni en fruits de toutes sortes et c’est là qu’on a couru en arrivant : au marché !

A l’aéroport, Gilliane est allée payer le billet retour de Sikeli. Pendant que je discutais avec Ron, le taxi driver qui nous accompagnerait à l’hôtel… Un mail pour seule réservation, Gilliane y est autant chez elle qu’à Tuvalu, « bien sûr qu’on t’a préparé une chambre. »

Ron, courageux indien comme tant d’autres qui n’ont pas eu le choix, a perdu son père à 5 ans. Enfants, il faisait des rotis avec sa sœur avant de partir à l’école pour apporter un peu d’argent au foyer. Ses enfants apprennent la musique. Ce sont les enfants de Ron qui profiteront des cordes que Sarah avait laissées pour notre copain Kalisi que nous n’avons pas croisé avant de partir.

Après un plein de fruits, mail à Sarah pour la prévenir de notre arrivée : elle répond qu’elle est en retraite d’équipe avec ses collègues de l’USP, à une paire d’heures de Suva, rentre samedi.. C’est malin, si on n’avait su…, Sarah était la raison numéro un de notre stop fidjien. Mail à Sholto (Undp) qu’on n’avait pas réussi à voir à l’aller, elle était malade. On aimerait bien la mettre à jour sur les dernières et positives avancées sur le projet de biogaz à Nanumea, mais cette fois, elle boucle un cycle de réunions et n’aura pas le temps de nous voir. Ok..

Le téléphone sonne. C’est Anare. Aujourd’hui Uicn, Anare est un soutien fidèle ami, c’est grâce à lui lorsqu’il était à la SOPAC qu’avec le soutien de l’ADEME également, on a lancé les mises en place et formations au biogaz à Amatuku et sorti la première mouture de la tradution tuvaluenne d’ « A l’eau, la Terre ». « C’est toi que j’ai vu entrer dans un resto hier soir ? » dit-il à Gilliane, qui confirme. « Vous faites quoi ? » Elle explique Sarah et Sholto. « On est libres ». « Ok je passe vous chercher pour boire un verre. » Il cherche toujours à faire connaître à Gilliane des lieux nouveaux, cette fois c’est le yacht club d’où espère-t’il, nous apercevrons le coucher du soleil. On tombe en pleine cérémonie d’adieu à un défunt, adjointe d’une tombola pour les membres du club, quant au soleil, il a décidé de se planquer derrière les nuages. Par chance, il fait bon, la cérémonie est tranquille et le gagnant de la tombola est appelé dès le second tirage, c’est donc vite remballé. Anare a dit qu’il attendait avec impatience le blog en anglais. Pendant que Gilliane lui racontait la mission, il commentait chacune des nouvelles en se réjouissant entre autres de la confirmation de la nomination d’ambassadrice – « c’est le moins que Tuvalu puisse faire en reconnaissance de tout ce que tu investis pour eux » - de temps à autre il disait « ah c’est donc ça cette photo sur le blog » ou bien « ah oui la donation à l’école, j’ai lu dans la newsletter ». Très mignon sa manière de montrer combien il suit et s’intéresse à ce qu’on fait. Pour le projet scooter, il n’a pas vraiment de deadline, même s’il ne s’attendait pas à ce que Gilliane lui dise qu’elle ne revenait que dans 10 mois, difficile de savoir si c’est l’ami ou le funder qui a fait une petite tête, mais sans doute un peu des deux, on va essayer d’avancer sur le projet entre temps.

29 / 01 / 12 - 08 : 45

Dès 6h30, les gamins étaient tassés devant la porte à nous appeler. Ils avaient proposé la veille de venir nous aider dès 5h ☺. Heu… La plupart portaient leur tshirt Alofa Tuvalu ou Jour de la Terre. Ils voulaient aider à finir les bagages, ranger la maison.. Vraiment trop mignons. Ils ont été notre rayon de soleil quotidien même les jours de pluie, de 1an1/2 à 13 ans. On a été pendant 7 semaines leurs vacances, leur spectacle, leurs amies…. Une affection que les plus grands Malei et Elega traduisent par « amour ». Extrêmement touchant et source de fous rires entre nous quelquefois. Ils ont eu accès libre à notre jardin et y construisaient puis détruisaient puis remontaient leur fale fait de bric et de broc devant notre terrasse… leur présence autour de la maison de 8h à 20 était rafraichissante, leurs appels incessants au début dès qu’ils nous voyaient, puis pour nous montrer quelques choses, se faire remarquer, attirer notre attention, quelquefois un peu trop, mais nos échanges quotidiens en anglo-tuvaluen ou par gestes, par l’exemple. à tout sujet ont consolidé une affection qui s’était construite depuis 2006 quand nous avons investi la maison de la péninsule. Ces derniers jours ils semblaient ne plus bouger du jardin, de sous nos balcons, comme s’ils nous voulaient le plus possible, le plus longtemps possible… Les plus petits ont crié nos noms avant ceux de leur frères et sœurs… Nous faisons partie de leur famille, sans même connaître leurs parents, nous faisons partie de la nation de Tuvalu, même si comme dans tout ensemble, certains s’égarent sur des routes qui ne sont pas les nôtres…

On leur a distribué les restes du frigo, la plupart quand ils ont un frigo n’ont pas de lait, fruits, gâteaux, chocolat, glace… Ils se sont installés dans le jardin sur la dalle de béton pour un pique-nique. On leur expliqué qu’on allait enregistrer les bagages et qu’on revenait faire le ménage et leur dire au revoir.

Willy, le fidjien qui gère l’énorme magasin de Susie, notre ancienne Présidente locale, avait proposé de nous accompagner à l’aéroport en pick-up. C’était bienvenu. Après nous avoir bloqué le chemin tous les jours avec leurs camions, ça nous semblait un remerciement sympathique pour notre patience. C’est Tenene qui nous conduit. La veille il avait dit à Gilliane qu’il avait vu un scooter électrique, comme le notre mais blanc, il doit nous donner le nom du propriétaire. Halte chez Alpha pour stocker les cartons de bouffe et alcools pour le prochain voyage, baisers à Sina, la femme d’Eti que nous n’étions pas sures de revoir et direction l’aéroport où nous avons demandé à pouvoir laisser en évidence le sac transparent des déchets que nous remportions dans nos valises : objets cassés, piles et batteries, aérosols, bouteilles plastiques etc.

Après l’enregistrement, au revoir à Nala tout en émotions et direction Grace pour régler la note de la moto. Le vieux qui a fait la note s’est un peu lâché, 450 dollars, à ce prix là on aurait pu l’acheter… Après négo, c’est descendu à 360. Pour la petite histoire, nous comptions sur notre mob électrique que Leota, le mari de Grace avait emportée à Amatuku et qui y est restée pendant tout notre séjour. Il était pour nous hors de question de payer le prix fort alors que nous aurions pu rouler pendant deux mois gratuitement… à condition bien sûr que la batterie ne lâche pas ☺

Retour à la maison pour une séance de ménage assistée des plus grands de nos petits voisins… Toluafe et Stella aux balais, Elega a la vaisselle, moi au frigo, Fanny à la salle de bain…

Après un train de hug devant la maison, quatre d’entre eux se sont mis en route pour l’aéroport, parmi lesquels évidemment Maeli et Elega, Lesley et Alicia. Ils nous ont accompagnées jusqu’à la dernière seconde, Elega tirant ma valise... On sentait la tristesse les gagner depuis quelques jours. Elega n’arrêtait pas de dire « I’m not happy ». L’aboutissement de leur peine grandissante a explosé ce matin à notre départ : au dernier hug, Elega et Maeli se sont effondrés dans les bras l’un de l’autre, en sanglots.

A l’aéroport, parmi ceux qui avaient bravé la pluie pour venir dire au revoir, Tataua (RedCross) qui nous confirme le remplacement de Pula par Pepetua à la tête de TuCan – une excellente nouvelle que nous avait rapporté Melton la veille -, Tafue (EKT), le gentil fou Lasalo, Katalina (éducation), Siuila (prof), le gentil vieux Teveia, Risasi la grande copine de Gilliane et notre trésorière qui vient rarement à l’aéroport surtout quand elle est en plein bilan comptable, la femme de Josh (media) etc., on a failli partir avec le fromage promis à Lee qui le voyait déjà en haut de la pizza, c’est Eti qui lui donnera, lui qui est peu démonstratif a attrapé Gilliane comme un grand frère en lui massant les omoplates. Et puis on a eu le temps de glisser à Penni le tensiomètre. C’est à peu près tout ce dont nous nous souvenons. Le sentiment global est que c’était vraiment bon. Et nous avons remercié la pluie battante d’avoir limité les effusions et raccourci les adieux… car bien sûr une grande partie de nos amis n’a pas pu venir..

29 / 01 / 12 - 08 : 44

Email de Kaio à Nanumea
“We have been excited to experience the first family to use Bio-Gas in Tuvalu...Our workshop will be on next week thursday the 26th of this month at night when everyone is not busy...”


Aux aurores, on entend du bruit derrière la porte. C’est le jeune Elega, assis sur le pallier, devant un parterre de coquillages, il prépare le collier qu’il veut donner à Gilliane pour son départ. La veille du bas de notre balcon, il lui proposait gestes à l’appui d’échanger des bagues avec elle…

Encore un jour de pluie, on se demande comment on va parvenir à bruler nos déchets avant de partir. Gilliane m’en veut d’avoir laissé filé l’opportunité de le faire la veille avant l’arrivée de Fong et Melton. On croise les doigts que ça se calme d’ici le soir.

On est passées à l’hôpital donner les médocs de notre stock qui ne seraient plus bons d’ici notre prochain voyage dans une dizaine de mois : aspirines, antibios, traitements pour la grippe et du liquide physio que nous avons en quantité importante. Si la porte du pharmacien a fini par s’ouvrir, en revanche celle de l’agence de voyage était close. Lani, la femme de notre copain Soma, qui termine deux ans d’étude en diplomatie au Japon, a décidé d’attendre que la pluie se calme avant d’aller bosser. On passe chez elle, elle vient de partir, ha ! Du coup, on croise Suzan, la responsable de la gestion des déchets au service de l’environnement. Gilliane en profite pour parler du besoin d’assistance d’Ampelamo, le ferrailleur. Suzan pense que de l’équipement est prévu pour lui dans la dernière demande faite à l’Union Européenne. Quand Gilliane lui demande des nouvelles du broyeur de plastique envoyé par Taiwan il y a deux ans, Suzan répond qu’il a marché 6 mois avant de collapser, triphasé quand Tuvalu est en deux phases, même problème qu’avec le compacteur de canettes expédié par l’UE, tellement gros qu’il ne rentrait pas dans l’espace qui lui était destiné et qui rouille désormais sans avoir jamais ni fonctionné ni servi… Quelle tristesse. Et puis le kaupule a un autre compacteur et un autre broyeur pour le plastique, plus petit qui irait très bien à Ampelamo… Triphasé … et HS lui aussi … Arggggg

On repasse à l’agence, Lani est arrivée. On change le billet de Sikeli qui avait pris son retour un peu au pif, qui le faisait rentrer à Fiji avant que le bateau de Nanumea ne l’ait ramené sur l’île capitale. Billet réservé, faudra payer à Fiji. Et puis on a changé nos billets pour LA, histoire d’assurer quelques heures de transit pour croiser Sarah, notre spécialiste biomasse désormais basée à l’USP Suva pour la mettre à jour; pour croiser aussi éventuellement l’Ambassade de France. Tout ceci étant suspendu aux bons vouloirs d’Air Pacific qui depuis notre arrivée annule 2 vols sur 3 au départ de Tuvalu… Nous ne pourrons donc prévenir les uns et les autres qu’une fois arrivées à Suva.



La commande d’éventails aux noms de mon petit fils et des filles de l’amie de mon fils est prête. Je crois pouvoir dire que la vieille dame qui les a réalisés avec l’aide de son mari est une résistante, car, cette année, nous n’avons vu aucune autre femme de l’artisanat fabriquer de nouveaux éventails. J’espère que ceci ne présage pas d’un glissement aux oubliettes de ce pan de savoir traditionnel.
Lorsque nous passons les chercher seul le mari est là, la vieille dame souffre d’insuffisance respiratoire, elle est à l’hôpital. Espérons que ça ne dure pas.

Enième tentative chez Grace pour payer la moto, elle est toujours à Amatuku. Retour à la maison pour passer un peu de temps avec les enfants. Gilliane avait promis de montrer aux plus grands comment elle monte les vidéos. C’était aujourd’hui et je peux vous dire qu’ils n’avaient pas oublié.



Une fois la démonstration faite, on avait décidé de remercier tous les enfants d’avoir illuminé ces deux mois de leurs rires, sourires et attentions. Les grands ont reçu un tshirt Alofa Tuvalu, avec le Coseway, la partie la plus étroite de l’ile, pour les deux garçons qui avaient flashé dessus, un grand Alofa en coton bio pour Toluafe, la plus grande et un rose pour Stella. Toluafe et Stella ont choisi des vernis à ongles pour toutes les petites filles qui attendaient en bas et on est descendus distribuer des sthirts Jour de la Terre à tous les enfants. On a fait des heureux c’est le moins que l’on puisse dire.



Accalmie dans le ciel, on décide de tenter un feu. Tous les gamins étaient là. Pas mal de magazines à brûler, ici il n’y en a pas, alors ils se précipitaient dessus pour regarder les images, avant d’en faire des avions qu’ils jetaient dans le feu. Stella a demandé à en emporter un paquet. Les enfants dansaient, chantaient, demandaient à monter alternativement sur nos dos, demandaient encore et encore quand nous reviendrions. « Tu peux dire à ma mère que tu m’emmènes en France » me dit Maeli. Et Elega à Gilliane : « Quand tu arriveras à Paris, je serai dans ta poche ».

Au milieu de cette euphorie d’amitié, est arrivé Lee (membre et spécialiste du biogaz, il s’occupe aujourd’hui de l’audit sur le trust fund)… avec une pizza. On avait bien gouté celles que fait sa femme pour le bar des femmes (toujours froides), mais on n’avait pas eu le temps d’en commander en directe comme on l’avait promis. Lee qui ne voulait pas qu’on parte sans une dégustation en bonne et due forme, est venu en personne livrer une pizza toute chaude absolument divine qu’il avait faite lui-même. Il a donné des consignes à Elega et aux autres enfants pour surveiller le feu, et nous sommes montés partager la pizza et boire un verre sur la terrasse, point de vue qui permettait de garder un œil vigilent sur les enfants autour du feu.. Il a de belles et bonnes idées pour faire avancer son pays, un tempérament de manager qui ne gâche rien. On l’a assuré du soutien d’Alofa et de notre participation s’il lance quelque chose, sur les déchets ou sur l’hydroponie qui le passionne. Un cerveau pour Tuvalu, un pilier pour Alofa et un vrai fidèle ami.

Au départ de Lee, Elega et Maeli sont repassés, avec du boudin de sang de cochon tout chaud, pour demander si le verre c’était bien passé. Elega est repassé un peu plus tard pour offrir son collier à Gilliane..

29 / 01 / 12 - 08 : 42

On allait partir au port pour remettre le paquet avec les graines et le tuyau de gaz au « writer » du Nivaga pour Kaio et Sikeli à Nanumea, quand Kaio appelle. Ils sont surexcités. Sikeli d’ordinaire peu démonstratif saute sur le combiné : « Gilliane !! on a pris le petit déjeuner avec les digesteurs !! on a fait du thé et frit plein de poissons !!! ». C’est effectivement une excellente nouvelle qui confirme celle d’hier : 2 digesteurs sur 4 ont été correctement utilisés et entretenus par les volontaires. Nous attendons les noms des bons élèves pour les « dénoncer » à la radio. Les garçons ont encore besoin d’un régulateur pour leur gazinière. On fait demi tour pour l’acheter et on repart au port. Point de « writer » à bord, mais son second promet de lui remettre le paquet.

Ce mardi est le jour du retour de John, notre relais local et patron d’Alpha, l’une des deux compagnies qui emploie les marins tuvaluens. Il était rentré chez lui en Australie pour les fêtes de fin d’année. Nos voyages n’auront que peu coïncidé malheureusement, mais l’avantage avec lui est qu’à l’exception des deux mois que nous lui résumerons le temps d’un dîner, il est très au fait d’à peu près tout, puisqu’on s’écrit règulièrement. John était bien content d’entendre que la motivation était de retour. Ravi aussi que le projet d’importation de scooters électriques sur lequel il s’est beaucoup investi avec Chris à LA ait été de nouveau discuté. John avait proposé une réunion il y a quelques mois pour sonder l’intérêt des uns et des autres à s’investir dans un tel projet et sans doute parce que les Tuvaluens ne sont pas habitués à lui voir organiser des événements, personne n’est venu. Pour cette idée, comme pour d’autres, il fallait sans doute aussi laisser du temps, le temps que l’idée vienne d’eux..

D’habitude c’est John qui fait la cuisine, il est sans conteste la meilleure table de Tuvalu. Ce soir on avait décidé qu’il ne toucherait pas une poêle. On lui a mijoté les derniers filets du thon frais du freezer, revenus en lamelles fines dans du lait de coco, avec oignons, ail et citron vert, le tout accompagné d’une purée de pommes de terre. Je crois qu’on a réussi à épater le cuistot.

Sans parler du dessert : des raisins trouvés par hasard à l’épicerie du coin qui venait d’être livrée par le cargo mensuel.

Avant le dîner, Fong et Melton étaient passés avec l’une des filles de Fong pour choisir quelques tubes de maquillages. Melton était de mauvaise humeur, mais il s’est quand même déridé en essayant les chapeaux que nous avions décrochés pour les mettre en caisse. Ces derniers jours, on a entrepris de mettre la maison en boîte pour tout rassembler dans une chambre du bas pour faire quelques économies. Ce soir-là, pendant qu’on paquetait, Elega qui n’a toujours que 12 ans chantait « Gilliane my baby » sous nos fenêtres. Elle avait un peu de mal à se concentrer ☺ et moi aussi qui trouvait ça très drôle.

29 / 01 / 12 - 08 : 41

Kaio écrit : “worked with the bio-Gas promoters today...good news is that the digestors are producing gas.... go Nanumea go... be the first island in Tuvalu to use Bio-Gas...”

J-4, forcément ça va speeder. Récupération des notes manquantes pour notre compta enfin…. Essayer… Il a fallu repasser plusieurs fois pour certains, puis attendre des plombes que pour 25 $ la préposée à l’essence nous rédige une note détaillée en poussant le détail jusqu’à recomposer dates et montants…

En fin de matinée, déjeuner-pique nique au Nord de l’île, avant la décharge, avec Melton, Fong, et les filles, chez la femme qui nous avait aidées au bingo et qui nous demandait de passer chez elle un de ces jours. “No worries, je frapperais à ta porte. “ elle avait répondu “je n’ai pas de porte”… Sa maison est un cube en parpaings… et la porte vient d’être installée…. Ce fut très agréable, très modeste. Elle n’a pas de water tank chez elle et elle nourrit le voisin qui en échange lui donne de l’eau, c’est dire la simplicité et les valeurs du lieu.

On avait apporté des trucs de palagis, des rôtis, des crèpes roulées au thon, de la pizza faite par Lagi la femme de Lee etc. Elle, avait préparé un festin de mets locaux. Très bon… petits poissons du lagon, sauce curry et lait de coco, et autre lait de coco, sucré celui là, avec des boules de farine… J’ai passé la tête chez Luni (ex prof à TMTI) dont la femme, elle aussi, m’avait demandé de passer un de ces 4. Elle n’était pas là, lui dormait sans doute, mais les parents, très hospitaliers m’ont proposé de partager leur déjeuner. C’est aussi ça les tuvaluens… le partage.. Personne d’autre dans la maison, mais je rencontrerai la femme de Luni par hasard devant le stand de vente de poissons un peu plus tard…

Avant le déjeuner, on a déposé un communiqué de presse au media pour la suite du projet Biogaz à Nanumea.. Surprise là aussi… alors que nous suggérions à la journaliste de service que ce serait bien de faire une annonce pour rappeler que les photos peuvent être retirées de l’hôtel aujourd’hui, elle nous a appris qu’elles avait fait ce rappel déjà hier… Et quand on est passées à l’hôtel, des gens sortaient avec des petits paquets de photos en main.

Après plusieurs tentatives infructueuses, on a trouvé Ampelamo, l’unique ferrailleur de l’île, chez lui. J’ai le sang qui boue tellement cette histoire est triste… Il va chaque jour avec sa mobylette et son petit chariot récupérer à la main tout le métal qu’il trouve de la décharge, aux abords des routes. Aucun soutien de personne, ni en équipement, ni en facilité de transport des containers pour recyclage en Nouvelle Zélande, Fiji ou Australie, ni même et encore moins pour son temps et celui des quelques gars qu’il paie 2 dollars de l’heure pour l’aider. Tout le monde pense que ça lui rapporte de l’argent…



Nous lui avons déposé une copie du petit film que les jeunes danois qui étaient restés dans la maison d'Alofa et qu'on a aidés, ont fait sur son travail. Fanny a réussi à craquer le master pour en faire 2 autres puisque Ampelamo nous avait demandé de déposer sa copie à PDL, la ligne maritime, qui repart, containers à vide.. Depuis des années je pousse pour que des recyclables puissent être transportés de cette manière à Fiji ou New Zealand. On a promis à Ampelamo de faire tout ce qui est en notre petit pouvoir pour débloquer la situation d’enlisement dans laquelle il est, lui le seul mec vraiment motivé par, non pas l’appât du gain, mais la propreté de son île.

On est passées ensuite chez Panapasi pour lui déposer des dvd des démonstrations de biofuels pour lesquelles il n’était pas là, puisqu’à Bruxelles… Je lui ai demandé s’il pensait que je pouvais faire une lettre à tous les concernés sur le sujet Ampelamo… Why not a t’il répondu…

On n’a pas ras réussi à confirmer le retour des garçons de Nanumea mais appris que le prochain bateau, sur lequel doivent partir quelques graines, et un tuyau de gaz, levait l’ancre mercredi…, alors ce soir Fanny plie des cocottes en papier pour les sachets de graines.. tandis que je précise comment ont été dépensées les sommes retirées en cash… boring…

21h30, une voix d’enfant appelle en bas… …. Du balcon “Qui est là”… Je pensais aux filles de Fong, qu’elle devait déposer pour prendre quelques vernis à ongles… “Please come down”…. C’était un des petits garçons du gang Alofa Tuvalu junior… dont je disais à Fanny cet après midi, tu as ton petit amoureux, Malei, je crois bien que j’ai le mien, Elega.. C’était lui, avec un fo fait de fleurs qu’il m’a posé sur la tête… Un peu plus tôt alors que nous préparions les boites pour vider le plus possible la maison, il calculait avec les autres, comment me donner un collier d’au revoir, fait de coquillages, jeudi, à l’aéroport quand nous partions… “je serais très contente de vous dire au revoir à l’aéroport mais je ne veux pas que dépensiez votre argent”… “Mais ce n’est pas de l’argent c’est des coquillages…” Quand Fanny m’a vue remonter avec le Fo sur la tête, on a eu l’un des plus grands fous rires du séjour. Ces gamins sont incroyables. Quand je pense que nous appréhendions l’accueil que nous réserveraient les Tuvaluens…

29 / 01 / 12 - 08 : 38

La journée avait commencé comme une journée normale. Enfin, normale, tout est relatif : sur le sol, devant la porte : « I love Fanny, by Maeli ». Un peu déconcertant venant d’un gamin de 10 ans, mais le geste est mignon.

Nala, elle, avait mis les petits plats dans les grands, comme toujours, avec trois ou quatre plats différents pour un déjeuner de copines. Beaucoup de choses échangées, sur Tuvalu, Alofa, le séjour qui se termine, les actions, les motivations, les perspectives et puis des tas de trucs qui n’ont rien à faire dans un blog.

On aurait pu parler des heures encore, mais on avait rendez-vous avec Tafue, chez lui, au nord de l’île, pour une interview sur son ressenti après Durban. C’était sympathique de voir Tafue dans son home et de découvrir sa cohérence entre ses prêches et ses actes.



Il s’est porté volontaire quand un donneur a proposé d’équiper quelques foyers de toilettes à compost. Au début sa famille était réticente, alors il avait coupé l’arrivée d’eau des autres toilettes pour les inciter. Mais quand il revenait de déplacement, le robinet était de nouveau ouvert. Il a insisté, expliqué et aujourd’hui il a viré les toilettes « traditionnelles » pour en faire une laverie et, tous utilisent les toilettes à compost. Les poules sont élevées en liberté. Les cochons sont dans un enclos lavé tous les jours de sorte que contrairement à la plupart des porcheries, ça ne sent pas. Un joli petit havre et un homme bon et chaleureux qui a profité de la caméra pour nous assurer de son soutien et a glissé quelques conseils, en tout cas ses recettes pour ne pas perdre la foi dans le bien fondé d’entreprendre.

On allait repartir, ou plus exactement Gilliane filmait la cime d’un cocotier quand Teu, responsable locale du projet de reproduction de biogaz pendant la première année, est passée. On aura raté tous nos rendez-vous, mais à force de se croiser par hasard on aura eu le temps de tout se dire ☺ A Tuvalu, y a pas de hasard.

Retour à la maison, Fong (médias) et Melton (notre secrétaire général) doivent passer avec les enfants de Fong pour boire un verre et récupérer les petits cadeaux que Gilliane porte tous les ans. Une triste nouvelle nous attend : un passage sur facebook que nous surveillons depuis notre arrivée y postant autant de soleils que possible sur le groupe fermé de FarraH, notre webmastrice qui se bat depuis plus d’un an contre un cancer des poumons. La vague d’amour qui l’a accompagnée dans cette épreuve s’est transformée en océan de larmes mêlées d’une admiration fascinée et unanime : vivante jusqu’à son dernier souffle, elle a trouvé la clé pour s’envoler... On a reporté la visite de Fong et Melton au lendemain et on a bu un verre de vin blanc pétillant en regardant notre Vénus briller… et c’est pas le mauvais vin qui faisait mal au ventre…



27 / 01 / 12 - 17 : 40

Le soleil brille, le ciel est bleu, pas un nuage. Lee passe d’un coup de moto s’assurer qu’on a remarqué et que bien entendu, la sortie sur l’îlot est confirmée. On a crû à une sortie groupée avec des japonais. En fait, deux départs de bateaux de la petite jetée d’Alpha, l’un pour Tepuka, l’autre pour un îlot que nous ne connaissions pas encore. Lee nous embarque.



Semese conduit une troisième barque avec à bord Simon des pêcheries, un yachteur australien féru de pêche sous-marine et un autre gars. Evidemment puisque la pêche sera sous-marine, oublions l’idée de les filmer. La caméra est restée à la maison. On a laissé l’appareil photo avec Kaio et Sikeli pour qu’ils rapportent des images de la reproduction de biogaz. Notre équipement est donc réduit au strict minimum : la petite caméra avec son heure de batterie et pas une seconde de rabe et nos yeux grands ouverts. Lee nous pose sur un îlot, près d’un des passages entre le lagon et l’océan, le dernier avant Funafala. Deux barques de pêche sont amarrées à l’autre bout. Lee et la barque de Sem repartent pour pêcher. L’îlot est magnifique : le décor de carte postale. Sable blanc, gris ou roches volcaniques selon où on se place, une végétation très dense et d’un vert rassurant, des noix, des fruits d’arbre à pain et des pandanus qui forment des grappes que les enfants du quartier suçotent, des myriades d’oiseaux qui tournoient, pêchent. Bref, un délice qui sonne comme une récompense en cette fin de mission réussie.





Nous n’avons pas l’heure, mais nos estomacs commencent à grogner, et le soleil nous confirme qu’il est bien plus de midi. La première barque s’en va. Toujours personne… on partage une bière et quelques chips, sacrilège sur une île si mirifiquement déserte. La seconde barque s’en va. Seconde bière et un tour de l’île pour voir si on ne voit pas nos amis pêcheurs. La luminosité commence à baisser, au loin des nuages se forment. Gilliane se dit qu’ils ont peut-être fait halte à Tepuka avec les japonais, qu’ils y déjeunent. J’écris un SOS sur le sable. Et on commence à envisager l’environnement autour pour le cas où nous devrions y passer la nuit, en plaisantant tout en espérant que ça n’allait pas arriver. Finalement les deux barques sont de retour, pleines de poissons. Semese s’excuse de nous avoir fait attendre si longtemps. Lee s’active autour du feu. En deux temps trois mouvements, le barbecue de « grands voyageurs » est prêt: un tapis de feuilles et branches sèches posées sur la roche, les poissons, recouche de feuilles sèches et merci Gilliane de n’avoir pas arrêté complètement de fumer, il fallait quand même un briquet pour que le feu fut. Lee, d’une lame de branche, fait une spatule. Un autre ouvre un poisson à manger cru. Une fois cuits, les « voyageurs » sont lavés-salés dans l’eau de mer. Un jet de citron vert, un bout de pain. Lee attrape une noix de coco, la première et la seule qu’on mangera sur ce voyage, la sécheresse des neuf derniers mois a fait des dégâts sur les arbres. On croit tomber parterre tellement c’est délicieux. On repart assez vite car le temps va tourner et la lumière tomber. Pour équilibrer les bateaux, Simon des pêcheries saute dans la barque de Lee. Il est tout fier de dire quelques mots en français. Il a grandi en Calédonie et parle sans accent.

Lee nous dépose à la maison, pour attraper caméra et téléphone (dernier outil disponible pour prendre des photos) et retour à la petite jetée d’Alpha pour immortaliser l’une des plus belles prises des garçons : un énorme « traveli ». Dans le fond du bateau il y avait aussi un requin de belle taille. Semese a dit qu’ils en avaient croisé de très gros côté océan. Quand je lui ai demandé ce qu’ils faisaient dans ces cas là, il a répondu en riant, « on leur dit bonjour ». Les mots étaient bien faibles pour remercier Lee et Sem pour cette journée.

On a récupéré la mob laissée chez Alpha et avant de rentrer, sommes passées, toujours trempées, voir Nala, notre Présidente d’honneur, une des grandes amies de Gilliane arrivée l’avant veille de Nouvelle Zélande. Nous savions que nos voyages n’allaient que peu se chevaucher, et Gilliane se sentait mal de n’avoir eu que le temps de la saluer à sa descente d’avion. Elle était sereine et savait qu’on passerait. Rendez-vous fut pris pour déjeuner le lendemain.

27 / 01 / 12 - 17 : 39

La bonne nouvelle du jour, c’est qu’en dépit d’une pluie battante, Sikeli, Kaio et le jeune planner du Kaupule sont partis vers Nanumea sur le Manu Folau avec les équipements.





Nous qui filmions depuis leur arrivée au port et le chargement des équipements, étions bien entendu trempées jusqu’aux os, lorsque l’assistant de Kausea (Ministre de l’Energie) qui devait nous rappeler depuis 3 jours, a appelé pour annoncer que le Ministre nous recevait « tout de suite ». On voulait lui faire une mise à jour sur toutes nos actions puisque la plupart sont sous son ministère et que nous n’avions pas eu le temps de lui en parler encore.

On enfourche la mob’, direction l’immeuble du gouvernement sans prendre le temps d’enfiler des vêtements secs, de toute façon il pleut moins, mais toujours. Dans le bureau de Kausea, la clim nous fait claquer des dents, mais on a aussi envie de claquer des mains quand il nous dit que le travail qu’on fait depuis 10 ans a porté, et qu’il énumère les projets qui doivent conduire 3 des îles à l’indépendance énergétique. Il reconfirme son intérêt pour les biofuels d’huile de coprah produits localement. Il a assisté à toutes les démonstrations publiques faites avec Gilles en 2008 et 2009. Gilliane lui parle du projet de scooter électrique sur lequel Anare (UICN) voudrait donner un coup de main. L’idée lui plait, il oriente vers l’assistant du secrétariat. Et puis il est content de l’initiative de Nielu, son officier, de vouloir faire des formations biofuel sur les iles lointaines avec le fuelpod importé en 2009… Bref ça valait le coup de claquer des dents.

On est parties se changer pour ne pas attraper la crève, avant de revenir déjeuner à l’hôtel où il était convenu, depuis notre arrivée, avec Semese et Lee que nous organiserions, avant notre départ, une sortie sur un îlot si la météo le permettait. Nous l’avons déjà écrit, l’eau trouble du lagon dissuade de s’y baigner au point que Gilliane n’a pas mis les pieds dans l’eau depuis 4 ans ! Semese manque à l’appel. Il n’a pas prévenu Lee du rendez-vous, mais Lee nous rejoint quand même et rendez vous est pris pour le lendemain à 9h, pour équiper le bateau d’Eti, avec le moteur de Lee, et prendre le fuel. Nous apporterons nous citrons verts et pain et, à quelques boissons et poissons près, le tour était joué.

On a profité de l’après-midi à la maison pour commencer à organiser la fermeture de la maison et nos bagages. Et le soir, Panapasi (Numéro 2 du gouvernement, exceptionnellement en vacances) et Laima (acting pour son mari et secrétaire permanent à l’éducation) nous invitaient à diner. La première fois qu’on arrivait à se poser avec eux. Gilliane était déjà très amie avec Panapasi avant qu’il ne soit nommé Ambassadeur de Tuvalu à Bruxelles. Ils ont un grand respect l’un pour l’autre, de la confiance et de l’estime. Ils partagent il me semble le sens du bien commun qui fait d’eux de bons visionnaires. L’assistance qu’on a apportée pendant deux ans à cette nouvelle Ambassade et les fréquentes visites des uns aux autres et vice versa ont renforcé les liens. « Quand tu déprimes faut m’en parler, faut pas rester avec ça » a-t’il réagi quand elle a parlé de son malaise pendant les guerres intestines, pour ne pas dire fratricides, de la campagne électorale, guerres qui ont duré bien au-delà des élections et durent encore à renfort de tribunaux pour savoir qui a volé quoi, quand et si c’était vrai, alors que le pays aurait besoin du pouvoir d’avancer… ; à entendre ses amies se déboulonner les unes les autres dans son oreille ; à voir le staff de l’institut maritime partir en guerre contre le capitaine et le comptable, gelant toute activité pendant des mois ; à croire que nous avions fait beaucoup de choses pour trop peu d’effet. La prise de distance a fait du bien, le voyage aussi, nous en reparlerons probablement plus tard, mais il est évident qu’il est déterminant pour Alofa Tuvalu. Nous avons terminé le diner, comme nous terminons la mission, en parlant d’avenir…

Avant de se coucher, un mail de Semese qui s’excuse de son absence au déjeuner et confirme qu’il sera là pour la sortie sur l’îlot. Super.

27 / 01 / 12 - 17 : 31

Jour arrosé (encore) et jour d’arrivée de Sikeli, notre spécialiste biogaz. L’avion tournoiera un moment en l’air avant d’atterrir, deux approches infructueuses, la pluie était si dense que le pilote ne voyait rien.

Le voyage du vaisseau tuvaluen, le Manu Folau, reporté de jour en jour est annoncé au départ demain/vendredi matin nous dit Kaio qui nous a rejointes à l’aéroport. Il nous prend de concrétiser l’idée un peu folle qu’au lieu de prendre le bateau pour Nanumea le 17, ils pourraient bien prendre celui-ci. Gilliane ou moi aurions détesté devoir se préparer à un départ si rapide. Mais pour eux, un départ précipité ne semblait pas les stresser une seconde. Kaio avait déjà commencé à laver son linge et faire son sac avant. Après un déjeuner briefing avec Sikeli, le changement des billets a été rapide. Le seul hic c’est que Sikeli perd sa cabine et doit voyager lui aussi sur le pont… Ils partent ensuite acheter ce qu’il restait à prendre (gouttières, tuyaux et un stock de bouffe, avec la bouteille de gaz qui manque dans l’île lointaine), tandis que Gilliane s’est mise la tête dans le budget, sorties de liquide et préparation de chèques pour assurer qu’ils aient ce qu’il fallait pour se loger, manger et vivre, mais aussi organiser des ateliers de sensibilisation. Sikeli est parti dans une bonne sieste, pendant qu’on corrigeait le mémo biogaz qu’il avait amendé avec les digesteurs plastiques de Nanumea, la nouveauté de ce projet de reproduction– à Amatuku, le digesteur est en brique. Sikeli a remis une patte dessus et ils sont partis avec une quinzaine de copies du document repris en langage simple et une paire de tapis sous le bras.

Le soir, dîner avec l’équipe de TMTI, l’Institut Maritime, Iefata le nouveau capitaine, Leota, le chef ingénieur et Sailoto, l’un des ingénieurs formés par Gilles, notre spécialiste biofuels. Pas la voie du capitaine, ils ont confirmé leur souhait de relancer les formations à la biomasse et de les intégrer au cursus des étudiants marins. Le capitaine a dit qu’il allait prendre soin du gazogène au point d’envisager dormir avec. Sailoto qui avait animé lui-même la démonstration publique du gazogène en 2009, lui a à peine laissé finir sa phrase « tu ne peux pas, il est à moi ». Ils ont confirmé aussi que l’école allait acheter des cochons pour réanimer la porcherie et on a proposé avec son accord que Sikeli vienne les aider à remettre le digesteur en route quand ils seraient prêts.



Il est évident que le nouveau staff de l’école est pro-actif, un vrai plaisir de voir que les graines semées depuis 2006 commencent à pousser. Après le mauvais climat qui régnait sur l’école en 2010, c’est une vraie bonne surprise.

27 / 01 / 12 - 16 : 58

Il pleut comme vache… Manu Folau et Nivaga, les deux bateaux inter-îles sont dans le lagon, temps trop mauvais pour qu’ils restent arrimés au port, dans l’attente de la levée de l’alerte météo. Sikeli, qui arrive demain, et Kaio qui l’accompagne à Nanumea vont finir par pouvoir monter sur le bateau sans attendre celui du 17, ce qui serait une bonne nouvelle pour nous qui avons à ranger un paquet de trucs avant de décoller… dans une semaine…

Fin de l’installation de l’expo avec Kaio et Gilliane. Avant de partir de l’hôtel, on a pris soin de coller les panneaux qui prient de bien vouloir patienter jusqu’à lundi avant que chacun ne vienne décrocher ses photos puisque, c’est le principe.



Passage ou plutôt détour à IWRM, la branche « eau » du programme d’adaptation, un fond australien, installée aux Travaux Publics, pour demander des nouvelles de la jambe de Sakaio le chef plombier… Il est rentré chez lui nous dit son collègue, clairement surpris de notre empathie. Le reste des locaux est désert… Confirmation quelques minutes plus tard : tous les représentants de IWRM sont overseas depuis notre arrivée, en vacances… La dernière, représentante de l’organisation, Ivy, également coordinatrice de la compétition de jardins de 2010, que Gilliane monte toutes les nuits depuis deux semaines, est partie elle aussi hier, pour de bon, nous dit Oyda. Ivy a juste oublié de nous prévenir… tout comme sa mère que Gilliane a croisé hier. Quand elle lui a parlé du petit film qu’au moins, elle verrait puisqu’on le remettrait à sa fille, la vieille dame était ravie mais n’a rien dit non plus du départ de sa fille.

Oyda qui a oublié de venir confirmer l’autre jour, espère toujours qu’on se fasse un diner : « vous êtes ma priorité jusqu’à votre départ ».. Une bise à Penni : « j’ai une citrouille pour vous ». Là non plus, on ne pourra pas la prendre : nous devons vider le frigo et on n’aura plus le temps de confectionner une courge.

27 / 01 / 12 - 16 : 52

Suite et fin du feuilleton de la lettre officielle. Apisai n’est pas dans son bureau quand nous passons. Direction celui de Pasuna : du fond de son fauteuil il nous indique le ministre n’a pas encore signé et qu’il est en réunion.

En sortant, on passe directement en face au bureau du Ministre : « tu as eu la lettre, je l’ai signée ce matin ». heu… Gilliane reste discuter avec Apisai, je repars chez Pasuna. Son bureau est fermé. J’insiste auprès de son assistante « c’est le ministre qui m’envoie ». Elle finit par l’appeler … dans son bureau. Le verrou s’ouvre, il sort avec la lettre. Apisai jette un dernier œil avant de la donner à Gilliane : elle n’est pas tamponnée. Retour chez Pasuna. Son assistante sort l’encrier et tamponne. Tapugao, le numéro 2 des Affaires étrangères qui passait par là, et qui lui aussi cherchait Pasuna désespérément, attrape la lettre et me la tend avec toutes ses félicitations pour la nomination de Gilliane. Apisai a suggéré qu’on prenne la photo sous la tête du père noël « Merry Christmas » !



Avec les Ministres, puisque la plupart repartait en meeting à l’étranger ce mardi, Julie (USP) a enfin pu partir.., après une semaine et non deux jours sur place et quelques idées pour remplacer le maillon défaillant.

Et nous avons pu retourner à nos moutons et accrocher à l’hôtel une partie de l’exposition des photos de la mission précédente. Un nouveau moment sympathique avec nos gamins du quartier, qui sont venus prêter mains fortes. Kaio, le fidèle actif, était là aussi. Josh (media), fidèle lui aussi est venu donner un coup de main. L’un coupait des bouts de scotch, l’autre les fixait en rond, le troisième les collait au dos des photos, le quatrième les portait au mur. Deux équipes, 600 photos collées. Le reste fut renvoyé au lendemain. Mais plusieurs centaines seront mises de côté, faute de place aux murs.



Balai des fidèles suite, Oyda, une adhérente de longue date, aimerait nous inviter à diner, elle amènerait la bouffe, nous le vin. « je passerai ce soir pour confirmer que je viendrai » ☺… On va essayer, mais les jours commencent à être comptés sur ce séjour plus court que d’habitude qui surprend un peu tout le monde. D’ailleurs quand Gilliane a prévenu Tafue (Président d’EKT et feu Président de TuCan remplacé par Pula) qu’elle voulait faire une interview de lui avant notre départ. Il a répondu : « Vous partez, eh pourquoi ça ? »

27 / 01 / 12 - 16 : 31

Pasuna, le chef du protocole, nous a baladées toute la journée, comme il nous balade depuis une semaine, et depuis des mois du reste.., au sujet de la lettre qu’il doit émettre et qui confirme officiellement ma nomination en juin 2009 en tant qu’Ambassadeur de l’Environnement. Le titre est honorifique bien sûr ; il exprime avant tout la reconnaissance du pays pour mon investissement. La confirmation en soi n’est pas nécessaire, puisque le Premier Ministre d’alors, Apisai, m’avait informée par email de cette décision à l’unanimité du cabinet des Ministres. Un vote suffisamment unanime pour ne pas nécessiter de courrier. Apisai (aujourd’hui Ministre des Affaires Etrangères et de l’environnement) y tient en tout cas et c’est vrai que ça peut être utile à l’extérieur. Pasuna lui tient à tout faire pour ne pas nous la remettre avant son départ overseas le lendemain matin. Il nous promène donc d’heure en heure avec toujours une bonne excuse pour ne pas l’avoir encore tapée. « Reviens dans une heure », « dans deux heures, c’est fait », « reviens demain », « la semaine prochaine sans faute », « il me manque le titre exact » (qu’on lui transmet) etc. Aujourd’hui encore, et en dépit de la pression que lui met le Ministre pour s’exécuter, il veut nous faire croire qu’il a remis la lettre à l’assistante personnelle dudit Ministre. Mensonge again : après enquête, l’assistante est absente pour la journée.. Retour vers lui : « comment tu peux donner une lettre à quelqu’un qui n’est pas là ? » heu…, « je l’ai là » (sans montrer le supposé courrier). « OK, Pasuna, tu est protocolaire, je suis tout l’inverse… donne moi la lettre j’irai la faire signer par Apisai chez lui »…. Sacrilège… « non, non, je m’en occupe. Reviens demain matin avant l’avion ».

Tout n’est pas perdu, sortant du bureau de Pasuna, on trouve Paulson, le responsable de l’équipe de foot de Tuvalu. On avait demandé à une équipe télé néerlandaise qu’on avait aidée à faire un sujet sur l’entraineur de l’équipe de foot, des copies de leur reportage à distribuer aux intéressés. Ellen, la journaliste nous a fait parvenir les copies avant de partir, les voilà transmises à qui de droit.

Dans notre série des voyages au port, nous sommes allé payer pour le transport sur le Manu Folau (l’un des deux bateaux inter-île) des petits water tanks et des 3 cartons d’équipement pour le biogaz à Nanumea. Par la même occasion, nous apprenons que le départ du bateau, prévu pour le lendemain, est reporté de 24h à cause du mauvais temps. Décidément…

On passe déposer le chèque du loyer mensuel à notre propriétaire, Seinati, aujourd’hui première dame. Les ministres sont en réunion à la résidence, l’internet de l’immeuble du gouvernement étant en rade. Willy (PM) demande des nouvelles de la lettre officielle. « Pasuna continue de nous mener en bateau ». Apisai qui s’activait sur l’ordinateur lève la tête : « Viens à mon bureau demain avant 10h, j’en fais mon affaire », avant d’attraper l’avion pour NewYork.

Nous sommes la 9e visite du jour pour Seinati, réputée pour son franc parler, qui aimerait bien pouvoir faire ses valises, elle qui décolle le lendemain aussi avec son PM de mari pour Abou Dabi. On ne s’éternisera pas. Juste le temps de l’entendre nous raconter une histoire à dormir assise (pour amortir le coût) d’une coiffure à 500 dollars. Elle a promis de ne plus se laisser prendre par les bons mots des coiffeurs d’hôtels lorsqu’elle suit son mari pour tel ou tel meeting.

27 / 01 / 12 - 16 : 29

De piètre humeur toute la matinée à la perspective de devoir sortir de la maison pour aller “interviewer” les enfants…. Je m’impose trop souvent des choses et comme je ne suis pas tuvaluenne, je n’annule jamais…

En sortant, les enfants de notre jardin avaient démantelé le fale, il y avait des tôles, des cloisons, des cartons sur toute la péninsule. Coup de bol, les garcons étaient dans un pick up quand nous sommes sorties du chemin. Je leur ai demandé de bien vouloir soit refaire un falé soit tout ranger… sans être sure qu’ils avaient compris ou bien sûr, s’ils en avaient envie. “I count on you”.

Arrivées chez Sina, elle a réveille Walter. Il faudra aussi sortir Kaio (qui s’était proposé de venir aussi) des bras de Morphée. Christopher était au lieu dit mais David, celui qui m’intéresse le plus parce qu’élevé dans une ile lointaine et qui repart demain par le bateau à Vaitupu, avait disparu. Angoissé à l’idée qu’il se fait d’une interview, il est parti se planquer au bout de l’île….



J’ai donc posé quelques questions aux 2 présents, mais 1-je n’ai pas pu faire mon plan d’intro à 3, comme prévu et 2-il faudra peut être tout refaire car nous étions convenus de faire ça devant la “plage”, et le bruit des vagues était un peu rough… J’ai entendu tout le long du chemin la voix de Chris “tu vois, t’aurais dû prendre un casque”…. Le soleil était couvert, j’ai donc opté, contrairement à mon idée de la veille de filmer en fonction du soleil dans la direction de la “ville”, aujoud’hui, j’ai privilégié le fond ’ocean’… j’en avais profité hier pour expliquer le role du soleil pour filmer des visages… et bien… je me suis fait avoir la aussi. Après avoir interrogé Walter, j’ai dû demander à Christopher de changer de place car le soleil avait montré son nez. Kaio était là pour traduire, mais Christopher tenait à répondre avec les quelques mots d’anglais qu’il connaît, du coup forcément, les réponses étaient moins étoffées et comme son frère lui soufflait la plupart des réponses, on risque de devoir trier au montage. Walter a ressorti le truc de l’église sur Dieu qui a promis qu’il n’y aurait pas de nouveau déluge, et décrit avec force son attachement à son île. « Si Tuvalu disparaît, je disparais avec elle ». Tous les deux sont très attachés à la mer avec laquelle ils ont grandi. Walter espère un métier en lien avec la mer. Christopher lui, comme tous les enfants du monde à son âge, voudrait être policier…



Au retour, merveilleuse vision de tous les mômes, filles comprises, affairés à balayer le jardin, à consolider leur toiture de pierres… Tout était nickel (enfin relativement). Je les ai chaudement félicités et applaudis en remettant à plus tard une discussion sur l’inutilité de balayer le jardin. C’est tellement ancré dans la culture tuvaluenne qu’il m’avait fallu 2 séjours pleins à entendre Elega balayer sous mes fenêtres pour parvenir à lui expliquer qu’on pouvait juste ramasser les déchets non organiques, que les feuilles, le sable, le peu de terre, pouvaient rester sur place, en fait on avait fait un tas puis un containeur de compost… Ce fut plus facile à comprendre.

Et puis un violent vent d’ouest a frappé l’ile… Leur toiture allait elle tenir ? Juste donné le conseil de pousser un peu plus l’auvent qu’ils venaient d’installer et qui faisait sérieusement prise au vent…

Le vent violent, comme un ouragan bruyant m’a interrompue dans le montage de ce foutu concours de jardin qui me bouffe un temps fou. 2h de rushes de visites de plus d’une trentaine de jardins, le tout en tuvaluen, avec peu de plans de coupes… Monter ce genre de truc exige une concentration et une oreille que je n’avais plus... J’ai décidé d’aller déterrer les casques son des cartons du rez de chaussée.

Des coups à la porte… J’attends un peu, je sais que ce sont les enfants qui pourtant s’aventurent rarement jusqu’à la porte et n’y ont jamais frappé… J’ouvre rapidement pour les surprendre. C’est un des plus grands, Elega, celui à qui j’avais confié la mission du nettoyage et une des petites qui dès qu’on entre ou sort essaie de rentrer… Elle passe la tête dans l’embrasure… J’explique au grand que j’ai besoin de travailler, qu’ils doivent rentrer chez eux… “travail ?”… Comment leur faire comprendre, je sais que même les adultes ne saisissent pas ce que signifie “monter” même avec des gestes des doigts montrant l’action de couper. J’essaie : “computer” “tu tapes des lettres” “je coupe des video”. L’œil exprime toujours l’incompréhension… Le front plissé pourtant il essaie. “je te promets qu’avant de partir je te montrerai” “Taeaio ?” “Non demain, on va se croiser, c’est sûr, mais je te montrerai ce que je fais avant de partir”…. Il a compris je pense, peut être aurais je dû dire “prendre l’avion”… La porte est à peine fermée qu’on y frappe à nouveau. Je l’entrouvre “stop”, le plus grand engueule la petite “tapu… interdit” et l’emmène avec un grand sourire.

Depuis : montage avec casque, diner de sashimi, et de deux soupes chinoises à 50 centimes.. Scrabble à deux pour remplacer le repose-tête que constitue d’habitude un bon livre… comme je l’ai déjà écrit, ici pour des raisons de poids je n’ai emporté que les numéros spéciaux de l’année et 1 seul roman avalé depuis longtemps… Merci le scrabble et la demi douzaine de films qui ont permis de faire le vide une bonne heure, en moyenne par jour depuis notre arrivée.

Ce dimanche, on a aussi trié une partie du gros millier de photos des activités de la mission précédente pour l’exposition traditionnelle à l’hôtel. Et on a fini le dernier kiwi et la dernière tomate du frigo. Ils auront tenu un mois, et les tomates auront rougi dans le frigo. Tuvalu est l’un des rares endroits où on s’incline devant les OGM et autres légumes pesticidés…

24 / 01 / 12 - 00 : 48

Enfin une accalmie dans une météo très très humide. Nous sautons dessus pour faire feu de tous nos déchets brulables : cartons, papiers, paquets de chips.
L’activité dans le jardin attire notre club des jeunes du quartier. Pendant que les déchets brûlent, on discute de tout, de rien, et beaucoup des déchets. Pour illustrer ce qu’on dit, rien de mieux que la BD en tuvaluen. On descend deux exemplaires. Depuis la lecture de passages à voix haute, la rédaction de promesses et les dessins, les enfants, entre ceux qui regardaient (nombreux) et ceux qui faisaient (les plus grands, Maeli, Stella, Toluafe et Elega, le neveu de notre gardienne du foyer décédée l’an dernier), auront bien passé 4 heures dessus. On a évidemment mitraillé de photos et filmé en longueur.





A 15h, on file pour le rendez-vous pris avec Walter, David et Christopher pour les interviewer sur leur perception des changements climatiques. Si les deux derniers sont là, Walter qui a terminé sa nuit à l’unique night club de l’archipel, dort encore… Qu’à cela ne tienne… on reporte… Enfin, sur le moment, je veux dire…, parce qu’une interview le dimanche matin, je sais d’avance que ça va me gonfler. Kaio m’a dit plus tard qu’il était arrivé en avance et repassé…

Nous avons acheté un thon frais à Diana. Eti qui la veille avait proposé de le découper n’est pas dans le coin, Kaio qui nous a dit pouvoir le faire, n’est pas non plus dans les parages, nous passons, poisson à la main chez Eti. Anita sa fille, coupe l’animal méthodiquement, rince les filets dans l’eau (« non bouillie », pesterons nos intestins) et nous les donne pour mise au congélateur rapide après qu’ils auront séché un peu. Un coup de désinfectant et pansement sur une petite plaie pour Christopher et nous repartons.

Entre deux allers et retours avec le poisson nous croisons Julie, une fille d’USP Fidji venu évaluer la composante tuvaluenne d’un projet d’inventaire et d’analyse des projets d’adaptation dans le Pacifique mené sur 3 ans et financé par l’Union Européenne. En 10 mois, ils n’ont reçu aucun rapport. Julie qui cherche à voir Gilliane depuis qu’elle est arrivée (mardi) et qu’on n’a croisée qu’en coup de vent, propose un verre à l’hôtel. Set. On pose le poisson au freezer et on la rejoint.

Leur point focal, d’ordinaire efficace, semble fatiguer, il faut le remplacer ou l’épauler. Julie ne devait rester que deux jours. Chance pour elle, son avion de retour a été annulé à plusieurs reprises, elle ne partira que le lundi, durée plus cohérente pour avoir une vision plus claire de la situation et discuter des possibilités de remplacement avec Gilliane dont elle sollicite le conseil, et avec Sarah qu’USP vient d’embaucher à Fiji pour chapeauter le projet. Gilliane avait rencontrée Julie en 2005 quand elle travaillait pour l’Union européenne. Une femme drôle et chaleureuse. Le verre s’est prolongé en diner de sashimis, et la discussion est partie un peu dans tous les sens, incluant une mise à jour sur nos actions, sympathique.

24 / 01 / 12 - 00 : 47

- La meilleure : la localisation des cartons d’équipements pour le biogaz, dans une pièce des entrailles du Nivaga… Nito, le chef de cabine s’est souvenu de quelques caisses qui traînaient là où il avait repéré le gazogène quelques jours auparavant. Banco ! Un peu destroy lesdits cartons, surtout un bien mouillé qu’il a fallu refaire, occasionnant un nouvel aller et retour port-maison. Mais ouf !

On passe une tête au département de l’énergie, Nielu, l’officier, qui assurait un atelier sur les énergies solaires et éoliennes au chapiteau « A l’eau, la terre » en 2010 nous accueille d’un grand sourire. Après une mise à jour sur les projets énergie, ie livraison d’un gazogène, des pièces de rechange pour le biodiesel et la belle motivation de l’école maritime pour relancer les formations, il nous fait lui l’immense plaisir de vouloir utiliser l’unité de production de biodiesel importée en 2009, pour des démonstrations dans les îles lointaines. Sure ! Les graines commencent à sortir de terre.
On lui remet un DVD de la compétition de Fatele entre Vaitupu et Nanumanga pendant le festival des grandes marées et on repassera plus tard dans la semaine avec une copie du chapiteau.

On cherchait Marica depuis notre arrivée pour lui remettre sa carte de presse, elle ne travaille plus au bureau philatélique,.. Retraitée à 50 ans… On la croise dans l’immeuble du gouvernement avec sa fille. Ca aussi c’est fait.

Et puis 17h30… Internet est coupé alors qu’on a payé le renouvèlement deux jours plus tôt… Le bureau des télécom est déjà fermé… « Qui est le Ministre ? » dit Gilliane qui se dit que si on veut une chance d’avoir internet ce weekend il faut agir au sommet. Quid de l’autre bureau que je dis ? Bureau d’internet en question… fermé aussi, mais les gars boivent un verre dehors. Internet ON again. Ca s’appelle de la chance.

Autre très bonne surprise, retrouver Semese, à la soirée qu’Eti (VicePdt d’Alofa et numéro 2 d’Alpha) organise/improvise chez Alpha. Sem a fait une dépression de plusieurs mois, pas mal d’alcool, il refait surface. Gilliane a retrouvé le regard doux qu’elle lui connaît et que nous avions perdu depuis 3 ans…
Petit groupe de musique (un peu country sympathique). Parmi les invités palagis, la marine australienne et des yachters. Côté locaux, les fils d’Eti, Lee, Levi un gars qu’on a croisé souvent dans le bureau de Loia (gestion de l’eau) et pour cause il rédige le rapport sur le PACC (Pacific Adaptation to Climate Change) sans y connaître trop grand chose qu’il dit et Loia encore moins qu’il dit aussi.
Apparition de Sina, la femme d’Eti, qui ne se montre jamais à une partie. Elle se réjouissait de cette fête pour Eti. L’onde de gaité qui l’anime perdure, c’est super. Lorsqu’elle est partie, Gilliane a discuté climat et environnement avec ses fils et planifié une interview pour le lendemain. Semese lui, prévenu du dépôt du rapport sur la biodiversité marine à son intention au kaupule, a promis de le lire.

On avait promis nous, à l’hilarante Diana (media) de venir au bingo… nourrissant le secret espoir de retomber sur la voleuse des tongs havaiana silver de Gilliane!! En second mobile : parfaire notre apprentissage des chiffres en Tuvaluen et en 3 bien sûr, l’envie de plonger dans l’ambiance insolite de cette activité récréato-addictive qui « scotche » une majorité des femmes et quelques hommes tous les soirs qu’il pleuve, vente ou … pas. C’est vite vu : l’espoir d’empocher 300 dollars avec un « bloc » complet et plus... Pour Diana qui ne pratique aucun sport, c’est une activité qui lui permet de retrouver ses copines, ses deux heures de liberté. Comme quelques-uns de nos amis, elle cumule plusieurs activités : lorsqu’elle quitte le bureau des médias, elle va vendre le poisson pêché par son mari. Le salaire local des journalistes est loin des salaires de ceux qui sont payés par les institutions pour piloter la mise en place de projets, pour une bonne partie d’entre lesquels, on a toujours du mal à voir la concrétisation au-delà de quelques panneaux sponsors.



Pas de Diana en vue. On observe de l’extérieur. A l’annonce des chiffres on s’exerce... Et alors qu’on espionne par dessus l’épaule d’une joueuse pour voir si « on a bon », elle nous invite à entrer « je vous aiderai ». Et elle nous a effectivement aidées tout du long, bienvenu quand le débit de « l’annonceuse » allait trop vite, le reste du temps on s’accrochait plutôt. A part de repartir la tête résonnante de tolu sefulu lua, faa tasi, fitu te napa.., on n’a rien gagné, mais on s’est bien marrées et on s’est fait une nouvelle amie.

24 / 01 / 12 - 00 : 46

C’est le jour où nous avons remis aux deux écoles primaires, la donation de 500 Aus$ que l’association française Hunamar nous avait chargés de convoyer de la part des élèves de deux écoles primaires de Marseille.

Touchés par une présentation sur Tuvalu et la bande dessinée « A l’eau, la Terre », 254 élèves français ont décidé de faire leur part et entrepris une collecte de bouteilles plastique (15000 en 3 mois !), qui ont ensuite été vendues à une compagnie de recyclage. Ils ont choisi de faire bénéficier deux écoles primaires de Tuvalu du fruit de l’opération : Nauti and Seventh Day Adventist.

La seule chose que les petits français attendaient en retour était une photo des enfants. Repartant avant la rentrée des classes, il nous fallait ruser. Temu la directrice tout juste retraitée de l’école de Nauti avait proposé de rassembler des enfants en uniforme à l’école. Avec la complicité de deux gamines du quartier que nous avions embarquées et les deux que Temu avaient recrutées, nous avons fait le tour des maisons du voisinage de l’école, sortant quelques bambins des bras de morphée pour arriver au bout d’une paire d’heures à une vingtaine d’élèves en uniforme, bien plus que nous ne l’aurions espéré.

Mission accomplie à Nauti en fin de matinée.



L’après-midi, Tine, la directrice de l’école primaire du 7e jour avait elle rassemblé une vingtaine d’enfants. La distribution s’est faite dans une classe. Deuxième photo ! A Nauti, nous avons également remis un exemplaire de l’opération Ka lofia te paneta (équivalent tuvaluen de nos actions pédagogiques « A l’eau, la Terre » en France et ailleurs) réalisée pendant le festival des grandes marées en 2010 avec les élèves de l’école. Et aux deux écoles, un DVD d’interventions d’enfants sur les changements climatiques, toujours pendant le festival.



On croise Jeff, le nouveau capitaine de TMTI, qui nous invite à diner la semaine prochaine au rainbow café pour discuter de la reprise des formations ENR à TMTI. « On a lu le MoU avec le board, y a beaucoup de nouveaux membres, il fallait qu’on leur explique ». On lui donne les videos des formations de 2006 à 2009. Il est ravi et nous aussi, puisque l’invitation veut aussi dire que Leota a tenu sa promesse de briefer et impliquer le capitaine.

On arrive tout juste à la maison, « Gilliaaaaane » ! c’est Teveia, le gentil vieux de Niutao, qui vient prendre un petit cours de français. Sur un calepin, il a noté des mots « homme, femme, garçons, filles… » il demande à Gilliane les traductions au singulier et pluriel. Il note consciencieusement tout en nous racontant son rêve d’être LE linguiste du Pacifique, qu’il sait parler 6 langues, tiens par exemple et il se met à débiter une dizaine d’expression en cantonais. Bien sûr on a déjà entendu au moins trois fois chacune de ses histoires...



24 / 01 / 12 - 00 : 45

Gilliane a eu envie de me scalper parce que j’ai dit à Apisai que tout c’était bien passé dans notre recherche des équipements en son absence – d’une semaine pour rhume. Cet Apisai-là travaille pour la TCS la compagnie de transport, que nous pensions être le représensant de l’agent de fret de Fiji. En réalité, le Nivaga appartenant au gouvernement, il dépend de la marine. Dans tous les cas lui dire que tout c’était bien passé était une ânerie, puisque nous n’avons toujours pas trouvé les équipements.

Après quelques nouveaux allers et retours sous la pluie du port à l’immeuble du gouvernement : sur suggestion de Panapasi qui passait par là, Gilliane a obtenu de voir la liste des équipements chargés à Suva, nos équipements y étaient, puis confirmation que les 4 water tanks de taille moyenne qui avaient été débarqués sur le port avec deux plus petits, était les nôtres. et les petits étaient pour l’équipage. Restent à trouver les 3 cartons qui contiennent les réchauds, les gants et autres petites fournitures demandées par les résidents de Nanumea. Vasa (Marine) nous a dit qu’il restait des cartons à bord. Croisons les doigts.



Notre pompe à eau est de nouveau en rade. Sakaio, l’efficace chef plombier est intervenu dans les deux heures, pourtant blessé à la jambe : il s’est pris de l’acide de batterie, la blessure qu’il nous a montrée pour qu’on voit si on n’avait pas quelque chose en complément du pas grand chose fourni par l’hôpital, n’était pas très jolie. Ils lui ont donné des antibio, pour le coup c’est ce qu’il fallait. On lui a donné des anti-douleurs et conseillé de nettoyer sa jambe avec de l’eau bouillie et non pas la stagnante des watertank avec laquelle on se douche.

Diner intimiste à la résidence du PM. Gilliane et Willy se sont éloignés pour discuter gouvernance et priorités, entre autres sujets qui rapprochent ces deux amis de longue date. On a parlé cuisine et traditions avec Seinati, tandis que je surveillais les gravages de DVD pour Willy.

24 / 01 / 12 - 00 : 44

Au port, nous serions capables de nous déplacer dans les montagnes de colis du hangar les yeux fermés tant nous l’avons scruté. Toujours pas de traces des équipements. La marine dit qu’il reste des colis à débarquer. Eti (notre Vice-prés’) attend aussi des paquets. Armons-nous de patience..
Un jeune s’approche. Tiira-willy, il est de Vaitupu, il vient de terminer ses études. Spécialisé dans les moteurs, il très intéressé par les biofuels, produire local consommer local c’est lui qui le dit. Les démonstrations publiques avec Gilles (Vaitilligom, notre spécialiste des agrocarburants) ont porté. « Si vous avez besoin d’aide, de transport ou de creuser, je suis votre homme ». Il donne son mail et demande à être tenu au courant des activités. Puatei, le jeune planner du Kaupule de Nanumea est là aussi. Il lui semble une bonne idée que Kaio* accompagne Sikeli (notre spécialiste biogaz) à Nanumea pour faciliter l’échange avec les communautés.
Un passage sur le bateau : l’école maritime n’est pas passée chercher le gazogène encore, mais Nito, le chef de cabine, suit le dossier.
* (membre actif d’Alofa, il est originaire de Nanumea, l’un des meilleurs marins sortis de TMTI, il a accompagné Sarah dans le cadre du projet, entre autres, et suit toutes nos actions sur place)

Pour ce premier jour ouvrable à Tuvalu, j’ai (Gilliane speaking) rayé une bonne partie des tasks :

- Réservé le billet de Sikeli sur le Manu Folau pour son voyage à Nanumea. Restera à prendre celui de Kaio qui aime voyager sur le pont à condition d’avoir un repas de cabine, plus copieux et élaboré.

- Passée voir Oli, secrétaire permanent à l’énergie : 2 personnes seulement sont désormais disponibles dans le bureau de l’énergie, 3 sont à l’étranger. Reste l’employée aux écritures et un officier, Nielu.. celui qui, pour notre chapiteau “A l’eau la terre” local avait le stand solaire et éolien…

- Passée à l’hôtel voir Risasi pour caler des dates pour l’expo. Déjeuner de poisson… Une japonaise fraîchement débarquée avec probablement son japonais de mari, terrorisée par le petit chat qui traine toujours entre les tables à l’hôtel. Pensant qu’elle avait besoin d’aide, Eti s’est approché, mais quand il a vu que c’était à cause du chat qu’elle se tenait à 3 mètres de la table, il a explosé de rire et est reparti vers le bar. Je lui ai dit qu’il fallait qu’elle s’attende à voir plein de chats, plein de chiens, plein de cochons et plein de cafards, ceux que Fanny compare à des écrevisses. Ils ont quitté la table avant de terminer le repas.

- Passé un collier aux cous du couple d’Allemands à l’aéroport. Ils avaient déjà enregistré le sac de déchets quand je suis arrivée avec le panneau traduit par Penni, pas grave ils ont expliqué le contenu du sac à tous ceux qu’ils ont croisés.
Petesa, la fille de Risasi est de retour, après 4 mois de cours à Fiji sur ses congés. Son frère, Sam, venu l’accueillir m’a saluée d’un « t’es de retour ». Chaque jour de “nouvelles” têtes m’interpellent. En 5 min, après Sam, une femme qui tient une boutique que je ne connais pas, le “patron” du restaurant qui était à la mode en 2010 et où je suis allée 3 fois, etc. Et le jardin derrière chez nous qui grouille d’enfants avec leurs « Giwann », aussi imposant qu’une colonie de vacances.

- Discuté deux minutes avec Tafue et Tataua. Tafue est arrivé en se marrant, disant à Tataua « heureusement que je suis venu sinon on n’aurait raté notre meeting ha ». On apprend que Tafue n’estt plus President de TuCan (remplacé par Pula qui n’a sans doute jamais prononcé le mot climat) et que Tataua ferait sans doute une application avec le bureau régional pour l’appel de fonds australien que je leur ai transmis à tous.

- Un parfum et une robette à Dina, la fille de Sina et Eti, rentrée à Funafuti pour les fêtes et dont le mari est obligé de rester à Fiji, l’hôpital de l’île n’étant pas équipé pour faire des dialyses..

- Passage aux médias : j’ai enfin pu raconter à Fong, journaliste et membre, la rencontre émouvante avec sa mère, sur la tombe de sa fille décédée d’une leucémie il y a 2 ans. J’avais insisté auprès de la grand-mère de la petite sur la justesse avec laquelle Fong élevait ses enfants. Ca lui a fait plaisir.
Diana, journaliste aussi et comique (elle a même un programme d’histoires drôles à la radio) était déchainée, on est sortie avec des crampes d’estomac. Ca fait 3 ans qu’ils n’ont pas eu leur prime de fin d’année, alors elles imaginaient dire à la radio qu’elles étaient désolées, mais allaient suspendre les émissions et se mettre en grève. Elle a aussi raconté qu’au bingo ses yeux sont tombés sur les tongs qui m’avaient été piquées en sortant du mariage jeudi… « hey où as-tu eu ça? » l’autre : « dans un des magasins chinois » « non non non je sais à qui appartiennent ces tongs, la police est à leur recherche, donnes les moi ». L’autre continue sur l’origine des havaianas - qu’on ne trouve nulle part ici et surtout pas dans les boutiques chinoises dont tout le monde commence à relever le manque de qualité des produits, les éponges qui partent en miettes dès la première utilisation, les bouilloires et autres grille-pains à usage quasi unique et ne parlons pas des jouets en plastique qui atterrissent dans la décharge en une demi-journée… Diana a dit à cette fille qu’elle allait faire le tour des magasins chinois vérifier ses dires. Après elle a probablement oublié, mais ça nous a bien fait rire.

- Discuté à la demande du Ministre, avec le secrétaire permanent des affaires étrangères, des media pour la visite de Kate et William. Apisai (Ministre) a rappelé à Pasuna (chef du protocole) qu’il attendait toujours la lettre officielle de ma nomination honorifique en juin 2010 par le cabinet des Ministres en tant qu’ambassadrice de Tuvalu pour l’environnement. Rendez-vous pris pour le lendemain pour récupérer la lettre.

- Vu Solomona, (fils de Penni, il travaille au bureau de l’Environnement) qui a contracté hépatites B et C.., et promis de lui donner des infos et les moyens de prévenir toute transmission des virus à ses enfants entre autres. Département de l’environnement toujours, nous avons congratulé Mataio, le directeur, pour le spectacle dont il nous a tous gratifié vendredi soir à la partie...

- Déposé le rapport de synthèse de l’étude sur la biodiversité marine dans les mains de Sam, le patron des fisheries…. Et passé chez Tupu le croyant de retour… Le réseau sans fil du cocotier comme ils disent ici, le landernau si vous préférez, nous avait induites en erreur, il est toujours overseas… et ce pour 2 ans !

- Enfin et ça n’est pas la moindre des tâches de cette journée pour le moins remplie : diner avec Léota, le chef ingénieur de TMTI (l’institut maritime situé sur l’îlot d’Amatuku, au nord de l’ile capitale) avec l’active contribution duquel nous avons fait toutes les formations aux agrocarburants issus du cocotier (biodiesel, éthanol) et gazification. Je cherchais à le voir depuis notre arrivée et lui semblait nous éviter. Leota a été un alofien convaincu jusqu’à ce que j’ai appelé la « mutinerie douce » où tous les ingénieurs, lui inclus, se sont ligués contre le capitaine auquel il reprochait de ne prendre aucune décision sans consulter son comptable, lequel n’avait pas que des admirateurs sur l’îlot. Ils ont obtenu gain de cause avec le départ du comptable (Lee qui s’occupait aussi de notre digesteur..) et plus récemment du capitaine, et la nomination non moins récente d’un nouveau capitaine. Leota s’est laissé convaincre pour un diner en toute amitié. C’était comme s’il avait attendu ce moment depuis 18 mois. « Tu sais si je n’ai pas répondu à tes emails c’est que je voulais qu’on se voit, je voulais t’expliquer ce qui s’est passé à Amatuku et puis j’étais mal à l’aise, le scooter électrique d’Alofa que tu m’avais autorisé à transporter à Amatuku ne fonctionnait pas bien, la batterie lâche très vite, je ne savais pas comment te le dire. » etc etc En retour je lui ai expliqué mon absence, ma déprime devant les guerres locales, les alertes santé, mon incompréhension devant son silence etc. La paix est faite, on s’est retrouvés, comme de vieux amis. Leota a demandé qu’on ressorte le MoU signé avec l’école maritime en 2006 et qu’on relance les activités de formations suspendues par le soulèvement du printemps 2010. « Je fais mon affaire du capitaine qui nous soutient déjà ce sera facile. Et si je présente le MoU aux ingénieurs et à leurs familles, ils comprendront que nos activités, notre partenariat est on ne peut plus officiel. » Il a dit que ça avait été mal vu qu’on paie un responsable des installations, qu’il vaut mieux que l’école achète des cochons et que les étudiants marins s’occupent des installations, les entretiennent et s’en servent. Sur les agrocarburants, il a remis sur le haut de la pile l’intégration des formations au cursus des étudiants. Avec les pièces détachées achetées par Gilles, notre spécialiste français des agrocarburants, il va remettre l’unité de biodiesel en route. Il est content de la livraison du gazogène qui a été emporté par les étudiants dans l’après-midi. Je lui a parlé du guide des bons gestes en mer que Kaio (membre actif d’alofa, et le meilleur marin de sa promo, un excellent ingénieur) a rédigé. Il propose d’y intégrer une présentation qu’il a rédigé « avec plein d’annexes », sur la pollution générée par les cargos en mer : rejet dans l’air, gaz à effet de serre, en insistant que la contribution non négligeable du transport maritime aux changements climatiques, produits chimiques etc. Bref le Leota qu’on connaît, proactif, gentil, amical. Il a répété à plusieurs reprises parlant de TMTI, on est partenaires, pour lui l’école tout entière est membre. Je lui ai parlé de la proposition d’Anare (UICN Fiji) d’aider sur un projet de scooters électriques. Grace, la femme de Leota, tient un magasin de location de mob’, il va lui en parler.
Quittant le restaurant, il a proposé de nous emmener faire un tour de l’île avant de nous déposer, une manière de nous assurer de toute son amitié, si nous ne l’avions déjà compris. J’ai préféré avancer un (tout petit) peu sur le montage. Il nous a déposées directement.

La journée s’est terminée sur un nouveau mail de Willy (PM) nous invitant à diner le lendemain. Set !

Cette nuit, la pluie tombe tellement drue que le son du montage ne me parvient plus et que je ne m’entends plus penser… Et je regrette de n’avoir pas pris plus de romans à la place des dossiers spéciaux du Canard de l’année 2011 qui me tiennent trop dans la réalité de cette France et ce monde qui me navrent. Besoin de me changer la tête plus qu’entretenir des frustrations… Le Scrabble de Fanny est idéal pour ça.

24 / 01 / 12 - 00 : 43

La journée s’annonce pluvieuse. Willy (PM) a demandé un coup de main pour graver des dvd perso. Il écrit de venir après la pluie, autrement dit ça n’est pas urgent au point de devoir la braver. Et à part la soirée de staff du Filamona Lodge du soir, nous n’avons pas d’obligation de sortir. Gilliane peut avancer sur le montage.

La soirée du Filamona, une quinzaine de personnes attablée sans effusion ni cotillons. Loto, Ministre des Finances s’éclipse à notre arrivée pour laisser à sa femme Penni, la maîtresse des lieux, la liberté de poursuivre en blahblah avec sa copine Gilliane. Amusant de les entendre échanger leurs trucs pour économiser le dentifrice, le savon, Gilliane met les petits bouts dans un bas ou un tissu fin quand Penni les broie, ajoute un peu d’eau et s’en sert dans un spray… Elle aimerait faire un programme radio sur les petits trucs de femmes. « Si les gens sont pauvres dans les îles lointaines, c’est qu’ils ne savent pas économiser.». Elles sont quelques-unes à réfléchir à augmenter la représentativité des femmes au Parlement et sont ravies du précédent créé par l’élection de la femme d’Isaia (Ministre de l’Environnement décédé à l’étranger en juillet dernier)
Les physiciens allemands invités eux aussi en tant que guests de la lodge dinaient à la table de la sœur de Penni. Ils commençaient à se demander si emporter leurs déchets n’était pas risqué avec les contrôles de douanes, ça a fait rire Gilliane qui fait ça depuis presque 10 ans. Penni a traduit en tuvaluen le panneau qu’ils ont demandé pour scotcher sur le sac. On leur imprimera pour demain à l’aéroport et on espère qu’ils iront au bout du principe de cohérence après avoir exprimé leur choc sur la gestion des déchets à Funafuti..


24 / 01 / 12 - 00 : 41

Presque minuit à Funafuti ce samedi 31 décembre 2011, 14h en Europe, 20h la veille à Los Angeles.

Pas de messe de Minuit à Noel mais une pour le Nouvel an…

Avant minuit : un verre (ou plutôt 2) avec un couple de sympathiques physiciens allemands en touristes à Tuvalu pour une semaine, puis toujours avec eux, un vrai diner de réveillon au chinois-tuvaluen Ocean Blue : soupe aux nouilles sans nouilles, poissons frits, poulet au citron et bière ☺ On a appris des choses sur la stratégie d’Angela pour assurer son maintien à la chancelière et on n’était pas surprises d’entendre que le petit nicolas est vu outre-rhin comme un mini napoléon. A part ça, ils font très attention à leurs déchets ici : ils comptent les canettes qu’ils consomment et en emporteront autant, ils remportent aussi tous leurs déchets plastiques. Pour autant ils se disent sur le niveau 1 de l’échelle de la bonne conduite : les conscients qui agissent un peu. Ils n’ont pas l’air si mal. On leur a promis de leur faire une étiquette à coller sur leur bagage de déchets histoire de faire un peu de sensibilisation à l’aéroport.

On est rentrés sous la pluie. Le « Syndrome du Titanic » au champagne, nous semblait une belle perspective, symboliquement intéressant en cette fin d’année en crise, elle le fut, jusqu’à l’appel des cloches (en fait un gong sur un gros cylindre genre container d’air comprimé)… Nous avons abandonné Hulot, dont le début est un peu intello, visuels compris, pour affronter la pluie et nous aventurer à la messe de la grande église d’à côté… histoire de mémoriser quelques images de ce premier et probablement dernier passage d’une année à l’autre à Tuvalu.



Nous n’avons pas essayé de rentrer, les places semblaient manquer au point que le “portier” jouait les placeurs… Une fois dedans, on ne peut plus sortir et nous n’étions pas sures de vouloir rester jusqu’au bout. Comme à la chorale de noël, les chants nous ont un peu laissées sur notre faim, quelques visages et des images en plans plutôt larges toujours tremblotantes avec la JVC, mais de quoi faire un petit sujet… Douchées par une averse qui a duré un peu provoquant l’empathie des ouailles à l’intérieur de l’église qui nous faisaient signe de les rejoindre…, nous ne pouvions pas de pas entendre les hurlements d’une femme dans la ruelle en face, auxquels personne ne semblait prêter attention… Entre la blancheur des chants d’église et la noirceur de ce que nous imaginions se passer dans l’ombre, le contraste était saisissant. Nous nous sommes approchées, les cris se sont arrêtés. Un groupe d’une dizaine de jeunes hommes passablement bourrés est sorti sur la ruelle, l’un d’eux portait un bébé dans les bras. Une voiture, de police sans doute, s’est arrêtée pleins phares tandis que l’homme et le bébé partaient en direction de l’hôpital… Quelques jours plus tard, Penni nous expliquera que depuis la formation dispensée par des policiers néo-zélandais, les policiers osent intervenir dans les violences domestiques. Avant ils refusaient de se déplacer disant qu’ils n’avaient pas le droit de s’immiscer dans les affaires privées. Il était temps que ça change.

On est finalement restées jusqu’à la fin de la messe, on nous avait dit qu’après le Amen, c’était pétards et cotillons. Rien du tout, tout le monde est sorti calmement, sans effusion. C’est calée dans des escaliers du bureau de l’église juste à coté que la JVC a filmé le bingo qui ouvrait, 2012 démarrait comme 2011 s’était terminé, calmement entre soi et les futilités quotidiennes qui écartent les pensées de ce que le monde est en train de devenir. De retour à la maison, on s’est enfilé ½ bouteille de champagne néo zélandais pour affronter ce devenir du monde avec la fin du “syndrome du Titanic” (globalement très bien fait, de très belles images et une analyse fine de la situation planétaire, très au-delà du climat et des affaires environnementales - Hulot ne prononce d’ailleurs ces mots que de rares fois, c’est plus une description -très juste- de la société planétaire, de la politique, de l’économie, des religions… le genre humain dans l’apothéose d’un déclin inexorable.. Tuvalu, là aussi, en est un microcosme.

Découvert dans mes emails, un message expédié peu avant Minuit, d’Apisai, Ministre des Affaires Etrangères, demandant mon conseil sur les histoires de télés qui veulent couvrir le voyage de William et Kate prévu en 2012 mais pas planifié encore. J’ai été sans doute la première à leur recommander de tarifer un peu les multiples tournages qui se passent ici et qui monopolisent les gens sans tenir compte des agendas locaux. Jamais mis en place. Cette fois peut être…

Le réveil ce 1er Janvier fut un peu rude (quand j’ai dit à Fanny ma possible gueule de bois en m’étonnant que 2 tasses de champagne puissent faire cet effet, elle m’a rappelée les préliminaires alcoolisés de la soirée) et damned… nous n’avons pas évité la fanfare matinale : 5 jeunes avinés sont venus terminer leur nuit de beuverie sur le fale du voisin en chantant ou plutôt hurlant faux, dès potron minet, des mélodies tuvaluennes en choeurs désynchronisés. Les boules quiès que nous avions chacune à portée de main, se sont révélées inefficaces pour occulter cette sérénade juste derrière ma fenêtre, en revanche, elles ont permis à Fanny de dormir un peu plus. Elle se réveille rarement après 8h… Levée donc la première vers 9h30, je me suis même demandée si je ne devais pas ouvrir sa porte pour vérifier que tout allait bien. Elle a émergé à 10h30. Pour un 1er Janvier, pas vraiment une grasse mat..

Depuis, un dimanche comme les autres ou presque :
On a du jouer les cerbères avec les saoulards, et leurs « bonne année » branblants sous notre balcon, qui voulaient passer dans le jardin où les enfants jouaient et se carapataient à leur approche. Ils ont de toute évidence appris à ce pas se tenir trop près de leurs aînés en fin de beuverie. Le premier, un jeune homme, se dirigeaient sur la jetée fracassée en gros blocs, comme une presqu’ile devant la péninsule, un seau rempli de poissons de bonne taille, pas frais péchés du lagon mais derrière le récif, genre petits thons… Un pote l’a rejoint puis des enfants, pour pique-niquer genre sashimis.

On a quitté le poste de contrôle pour aller écouter un peu de musique.
Reprogrammation de l’ipod pour enfin avoir toute la gamme de hits dont je dispose et mettre la musique à donf’. Les zombies ont décidé de partir d’eux mêmes à l’arrivée des autres visiteurs de la péninsule, plus de parents qu’en semaine bien sûr.. dommage on leur aurait bien cassé les oreilles avec nos décibels.

Petite lessive à la tuvaluenne dans les tonneaux de riz d’une dizaine de litres, à frotter un peu le petit linge… Elega, elle, faisait des miracles à redonner tout son blanc aux chemises. Pas moi. Certes les vêtements en ressortaient quelquefois déchirés à force de frottements mais le blanc était éclatant.

Et puis j’allais me mettre sur le montage des jardins comme si ce dimanche 1er janvier était un jour normal… Difficile de ne pas céder à la nostalgie des titres qui défilent sur les petits hauts parleurs de l’ipod et à la tradition pour cette nouvelle année qui démarre de célébrer un chouillah… au moins d’en parler, d’y penser. C’est fait ici, un peu. Au programme aussi, selon la météo : un feu des déchets mis de côté et/ou voyage à la décharge qui a été brulée just’après notre passage la semaine dernière.

Petite mise à jour de cette fin de dimanche : On choisira l’option décharge sans y croire vraiment, le ciel était tout gris et la pluie nous a arrêtées peu après le port. Toujours de la viande saoule sur la route, pas réjouissant. Mais voir que tellement de maisons n’ont pas de gouttières alors que les water tanks attendent par centaines, nous a attristées tout autant.. Ne parlons pas du 4x4 aux pneus crevés et vitres brisées exposé sur son socle comme une statue.



Heureusement que Gilliane fait le clown devant la caméra* sinon ces images ne laisseraient qu’un goût étrange. Chemin faisant, trois rencontres sympathiques : Paapa qui a fait promettre à Gilliane qu’elle allait revenir l’an prochain. Beaucoup ont pensé ici qu’elle ne remettrait plus les pieds à Tuvalu. Paapa n’a pas internet, elle n’a donc rien pu suivre des 18 derniers mois à la différence de ceux qui lisent la newsletter et s’en vantent ☺. On est passé voir Leota (ingénieur chef de TMTI) pour opérer une réconciliation après la mutinerie de 2010. RV pris pour diner mardi. Près de la maison les enfants d’Eti sont en sortie « cornets de glace pour tous » dans le petit camion. Ils n’ont pas retrouvé les clés mais changé la serrure. (Au risque de nous répéter, il n’y a pas de serrurier à Tuvalu).

Dans la soirée le couple d’allemands est passé imprimer leurs billets pour mardi. Après leur départ, on a fini le fond de champagne avec une soupe aux nouilles.

* Gilliane est du genre à faire des Hi5 avec des gamins à la porte d’une maneapa quand elle commence à s’ennuyer de la longueur des speechs ou d’un événement qu’elle s’est engagée à filmer. Le dernier flagrant délit de dissipation en date c’était pour le film d’un Quizz sur l’eau organisé pour les enfants par le Public Water Department, qui avait obtenu quelques sous d’un donneur pour financer l’activité. En passant, tout à fait entre nous, elle a bien fait de s’amuser un peu : le film de 90 minutes qu’elle leur a réalisé et donné, est bien parti pour finir dans le dossier du financeur sans que personne ne l’ait vu. Pisi qui avait demandé à Gilliane si elle voulait bien immortaliser leur activité en video, ce qu’elle a fait et je sais le temps que ça a pris en montage, n’a même pas eu la curiosité de le voir ou à minima de faire circuler la copie à son staff avant son départ pour Fidji. De l’art aux cochons comme dirait l’autre, Gilliane j’veux dire, qui prend ça avec philosophie. D’ailleurs je ne sais pas si c’est parce que le tensiomètre a suggéré de prendre un peu de distance, mais elle est d’une décontraction que je lui ai rarement vue. C’est très sympathique à côtoyer malgré ses agacements légendaires… J’ai bien sûr pu apprécier en 6 ans de travail en commun son humour…. Ici elle devient clown. Un exemple: à ceux qui avaient, sans qu’on ne leur demande rien, dit qu’ils viendraient « sans faute » aux projections des films du festival des Grandes Marées et qui ne s’y sont pas montrés, elle s’avançait vers eux telle Quasimoda « I’m the guilt monsteeeeeeer » pendant plusieurs jours quand on les croisait. Avec les gamins les fous rires sont quotidiens.. Rien de tout ça n’est enregistré, c’est bien dommage.

NB : nous sommes désolées du retard avec lequel ce blog est posté, les allers et retours au port n’aident pas. Ici c’est un mode de vie que d’y revenir sans cesse, pour nous c’est avant tout une perte de temps, même si, il faut l’avouer, il ne fait pas de mal de faire un peu d’exercice physique ☺...

08 / 01 / 12 - 01 : 49


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